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Femmes et Hommes en esclavage, du Moyen Âge à l’époque moderne

 

Nous sommes ravies de vous retrouver après une trop longue absence, et pour un épisode qui nous tient à cœur depuis longtemps. En effet, avec nos deux invitées, nous allons parler esclavage et traite et, bien que ce phénomène soit universel et se poursuive encore actuellement, nous avons centré notre propos sur deux périodes historiques, le moyen-âge et l’époque moderne, avec au cœur de notre réflexion la question du genre.

couverture de l’ouvrage de Sandrine Victor, Les fils de Canaan, l’esclavage au moyen-âge, Vendémiaire, Paris, 2019.

couverture du n°59 de la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire 2024/1 , Belin, Paris.

En effet, si la recherche historiographique sur l’esclavage et la traite est ancienne et très féconde à l’échelle internationale, et si elle interroge parfois la famille et les femmes, la question du genre a mis du temps à s’y imposer. Il a fallu attendre le printemps 2024 pour que la revue Clio fasse paraitre un numéro spécial sur le thème du « genre de l’esclavage », dirigé par l’historienne Cécile Vidal, qui est avec nous aujourd’hui. Elle est historienne de l’histoire sociale dans les empires coloniaux dans la traite et dans l’esclavage au sein des mondes atlantiques entre le XVIIe et le XIXe siècle. Elle est accompagnée par l’historienne Sandrine Victor, professeure des universités à l’Université d’Albi, spécialiste de l’histoire sociale de l’économie, notamment à travers l’étude de l’histoire des mondes du travail au Moyen Âge. Elle est l’autrice d’un ouvrage sur l’esclavage médiéval dans le bassin méditerranéen Les fils de Canaan, L’esclavage au Moyen Âge, Vendémiaire, 2019.

Toutes les deux centreront leurs interventions sur l’espace géographique qu’elles connaissent le mieux, la Méditerranée médiévale pour Sandrine, les mondes Atlantiques pour Cécile. Nous espérons grâce à elles parvenir à démontrer que l’esclavage est un long processus historique et que l’étudier sur le long terme, dans une démarche comparatiste, permet de mieux mettre en relief les relations entre le genre et l’esclavage.


Bibliographie :

  • ALMEIDA MENDES (DE) António, « Africaines esclaves au Portugal : dynamiques d’exclusion, d’intégration et d’assimilation à l’époque moderne (XVe–XVI«  siècles) », in Visions/versions of Africa in Europe during the Renaissance and Reformation,(éd. K .J. P. LOWE), « Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme », 2008, pp. 43-63.
  • CASTELNAU (DE) Charlotte – L’Estoile, Pascoa et ses deux maris. Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVII ès, PUF, Paris, 2019.
  • COQUERY-VIDROVITCH Catherine et MESNARD Éric, Être esclave, Afrique – Amériques (XVe-XIXe siècle), La Découverte, Paris, 2013.
  • COTTIAS Myriam, CUNIN Elisabeth et ALMEIDA MENDES (DE) António (dir.), Les traites et les esclavages, Perspectives historiques et contemporaines, Khartala, 2010.
  • DORIGNY Marcel, GAINOT Bernard, Atlas des esclavages, édition Autrement, 2006.
  • DUFOURNAUD Nicole et MICHON Bernard (dir.), Femmes et négoce dans les ports européens (fin du Moyen Age – XIXe siècle), 2018.
  • GAUTHIER Arlette, « Le rôle des femmes dans l’abolition de l’esclavage », Cahiers du féminisme, 0154-7763, 1989, pp.20-21.
  • GAUTHIER Arlette, Les soeurs de solitude. Femmes et esclavage aux Antilles du XVIIe au XIXe siècle, (1985 ) PUR, 2010 (réed.)
  • ISMARD Paulin (dir.), ROSSI Benedetta, VIDAL Cécile (coord.), Les mondes de l’esclavage, une histoire comparée, Seuil, Paris, 2021.
  • LALANNE Sophie, LETT Didier, PICCO Dominique (dir), Une histoire des femmes en Europe (des grottes aux Lumières). Objets, Images, Textes. Colin, 2024.
  • BEGHIN Cécile, « Travail et esclavage : sortir les femmes de l’ombre » dans LALANNE Sophie, LETT Didier, PICCO Dominique (dir), Une histoire des femmes en Europe (des grottes aux Lumières). Objets, Images, Textes. Colin, 2024, pp. 175 à 207.
  • PEABODY Sue, « Négresse, Mulâtresse, Citoyenne : Gender and Emancipation in the French Caribbean, 1650-1848 », in SCULLY Pamela & PATON Diana (eds), Gender and Slave Emancipation in the Atlantic World, Durham, Duke University Press, 2005, p. 56-78.
  • PETRE-GRENOUILLEAU Olivier, Les traites négrières, Documentation photographique, n°8032, 2003.
  • STELLA Alessandro, Histoires d’esclaves dans la péninsule ibérique, Paris, EHESS, 2000.
  • VICTOR Sandrine, Les fils de Canaan, l’esclavage au moyen-âge, Vendémiaire, Paris, 2019.
  • VIDAL Cécile et RUGGIU François-Joseph (dir.), Sociétés, colonisations et esclavages dans le monde atlantique. Historiographie des sociétés américaines des XVIe-XIXe siècles, Les Perséides, Bécherel, 2009.
  • VIDAL Cécile, Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society, Williamsburg et Chapel Hill, Omohundro Institute of Early American History et Culture and University of North Carolina Press, 2019.
  • VINCENT Bernard, « L’esclavage dans la péninsule ibérique à l’époque moderne », in COTTIAS Myriam, CUNIN Elisabeth et ALMEIDA MENDES (DE) António (dir.), Les traites et les esclavages : perspectives historiques et contemporaines, Karthala, Paris, 2010.

Revues

  • Cahiers des Anneaux de Mémoire, Les femmes dans la traite et l’esclavage, N°5, Nantes 2003.
  • N’DIAYE Pap, « Nouvelles questions autour du travail et de la famille des esclaves dans le Sud des Etats-Unis », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2005, N°52-4bis, pp. 18-29.
  • PLAZOLLES GUILLEN Fabienne, TRABELSI Salah (dir.),  » Les esclavages en Méditerranée : espaces et dynamiques économiques« , Rives méditerranéennes n°53-2017, Casa de Velazquez, Madrid, 2012.
  • VIDAL Cécile (dir.), « Le genre de l’esclavage», Femmes, Genre, Histoire 2024/1 (n° 59), Belin, Paris, 2024.
  • VIDAL Cécile, Emily Clark, « Famille et esclavage à la Nouvelle-Orléans sous le régime français (1699-1769) », Annales de démographie historique 2011/2 (n° 122), pages 99 à 126.

Sitographie & ressources :

Récits

Sites & Vidéos :

Textes et crédits :

  • Texte 1 (30’11’’) : « Vente de l’esclave Célia à Noble Bernard de l’Oratoire de Montpellier, le 16 février 1426 », dans LALANNE Sophie, LETT Didier, PICCO Dominique (dir), Une histoire des femmes en Europe (des grottes aux Lumières). Objets, Images, Textes. Colin, 2024, p. 196. Texte traduit du latin par BEGHIN Cécile.
  • Texte 2 (48’10’’) : « Règlement d’habitation de 1777 »

Guy Le Gentil de Paroy est un grand planteur absentéiste qui gère depuis la métropole des plantations sucrières et caféières héritées de son père à Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il fait rédiger un règlement dont voici un extrait :

« Règlement pour les nègres de mes habitations

Article 3 : On donnera aux femmes en couche tous les secours possibles. Si la sage-femme s’est mal comportée dans l’opération de l’accouchement, par malice ou autrement, elle sera punie sévèrement. Si c’est la mère qui fasse pourrir son enfant par sa faute, elle sera condamnée à porter trois jours de suite son enfant mort dans ses bras en présence de tout l’atelier, et recevra 30 coups de fouet deux jours de suite.

Article 4 : Chaque mère qui aura six enfants sera dispensée le reste de sa vie du travail de la place et du moulin. Celles qui auront trois enfants vivants seront dispensés d’un jour de travail par semaine. Celles qui en auront quatre, de deux jours par semaine.

Article 5 : L’économe veillera à ne pas surcharger de travail les femmes grosses, ou en prendra grand soin pendant leurs couches, il aura une case particulière pour les recevoir.

A Paris le 17 avril 1777. »

  •  Texte 3  (1 : 01’45’’) : « La lutte d’une ancienne esclave pour la liberté de sa fille (Espagne, XVIIe siècle) » dans LALANNE Sophie, LETT Didier, PICCO Dominique (dir), Une histoire des femmes en Europe (des grottes aux Lumières). Objets, Images, Textes. Colin, 2024, p. 202. Texte traduit de l’espagnol par STELLA Alessandro.

 

  • Texte 4 (1 : 18’ 35’’) : « extrait d’un registre de mariage à La Nouvelle Orléans, 1720 – 1730

« L’an 1727 le 3 août j’ai marié en face d’Église avec les cérémonies ordinaires Jaques nègre fils de Joseph et de Marie ses père et mère et Marguerite négresse appartenant l’un et l’autre à M. de Bienville avec la permission duquel j’ai célébré ce mariage en présence de Bélair et La Coste habitants de cette ville qui ayant déclaré ne savoir écrire ont fait leurs marques ordinaires en foi de quoi j’ai signé f. Raphaël prêtre capucin vicaire général. »

Archidiocèse de La Nouvelle-Orléans, Registre de mariages de l’église Saint-Louis de La Nouvelle-Orléans, 1er juillet 1720 au 4 décembre 1730

  • Texte 5 ( 1 : 27’43 ») : « déclaration de marronnage à Saint-Domingue »

« Deux Négresses nation Congo, dont l’une nommée Victoire, étampée sur l’épaule gauche LH [renversé], âgée d’environ 27 à 28 ans, taille de 5 pieds 3 à 4 pouces, ayant quantité de marques de petite vérole, habillée assez proprement, portant une jupe d’indienne foncée, un mouchoir rouge sur le col, & un autre bleu & blanc à la tête, appartenant à M. Solé, Maître Tailleur, rue Royale, près la rue des Religieuses; & l’autre nommée Isidore, étampée sur l’épaule droite LH [renversé], âgée de 14 à 15 ans, d’une jolie figure & parlant un peu français, sont marones depuis le 13 du courant : on croit qu’elles sont ensemble. Ceux qui les reconnoîtront, sont priés de les faire arrêter, & d’en donner avis au Sr Cabot, Hoqueton de l’Intendance. Il y aura récompense. »

Annonces de femmes esclaves en fuite tirées du site « Le marronnage dans le monde atlantique : Sources et trajectoires de vie ». Saint-Domingue, Affiches américaines – 1768-06-20

  • Texte 6 ( 1 : 35’ 50’’) : « Mémoires de la vie de Florence Hall »

« L’Afrique est mon pays – Dans le pays de l’Eboe et sur les rives de la Grande Rivière, mon peuple a vécu.

Je me souviens à peine de la façon dont j’ai vécu avant d’être enlevée et vendue aux Blancs, si ce n’est que je n’étais pas encore vêtue et que j’étais tantôt employée à assister nos gens pendant qu’ils pêchaient, tantôt à garder les volailles et les poulets contre les éperviers, ou plus souvent à jouer avec d’autres enfants.

Au cours de l’une de ces soirées de jeu, alors que nous nous trouvions à une certaine distance de nos maisons, un groupe d’ennemis nous a contournés et nous a conduits dans un endroit clos, où ils nous ont immédiatement attachés – nos mains étaient liées – tandis que nous poussions en vain des cris et des hurlements, mais ils n’étaient pas entendus, ou s’ils étaient entendus, ils étaient laissés sans réponse, et par la force, nous étions pressés et nous ne nous sommes pas reposés jusqu’à ce que le soleil se lève marquant notre détresse et la distance qui nous sépare de notre maison.  

Le jour, nous sommes restés cachés, et la nuit, nous avons accompli notre voyage. Jour et nuit se succédèrent, dans la faim, la fatigue et le chagrin ; à la fin de la quinzième nuit, notre voyage prit fin, et l’aube du jour nous montra la grande mer et le navire, dans lequel nous fûmes bientôt embarqués et quittâmes aussitôt notre pays et notre liberté, pour être livrés à des étrangers et à des esclavagistes.

Les ennemis de notre pays nous ont saisis et vendus aux Blancs, pour l’amour de la boisson et à cause des querelles de leurs chefs. Les Blancs nous ont reçus et nous ont dépouillés de toutes nos perles et de tous nos coquillages, et tandis que les enfants nus étaient autorisés à se promener sur le navire, les hommes et les femmes étaient enchaînés et gardés dans l’obscurité à l’intérieur.

Notre nourriture était maigre et toujours mauvaise. Les punitions étaient fréquentes et sévères, et la mort devint si fréquente qu’elle finit par se produire sans que les mourants aient peur, ni que ceux qui restaient aient du chagrin, car nous croyions que ceux qui mouraient étaient rendus à leur peuple et à leur pays.

Après un long voyage, le bateau atteignit enfin la Jamaïque. Mon nom Eboe était Akeiso, dont la perte mit bientôt fin à tout souvenir de mon peuple – un autre nom, une langue étrangère et un nouveau maître embrouillèrent mon esprit, et bien que l’ignorance de chacun d’eux rendît mon travail plus pénible, la crainte d’une punition m’obligeait à travailler. »

Extrait des Mémoires de la vie de Florence Hall, archive conservée à la société historique de Pennsylvanie, dans les papiers de Robert Johnson, propriétaire ayant recueillis les souvenirs de son esclave. Traduit de l’anglais par Clémentine LETELLIER

  •   Texte 7 (1 : 43′ 45 ») : « la violence urbaine contre les esclaves : exemple d’un témoignage de l’esclave Louison à La Nouvelle Orléans au XVIIIe siècle (1718 – 1769) ».

« Nous a dit quil y a huit ou dix Jours, Etant à laver au bord du fleuve vis à vis la maison des darnes Religieuses avec plusieurs autres négresses, tant Celles servant à Lhopital que Celles appartenant aux Religieuses.

Elle vit venir led. pochenet quelle Connoissoit pour avoir été malade à Lhopital tres Longtemps, qui avoit une bayonette à la main, Et qui aprocha de la Negresse Babet quelle vit quil Badinoit sur un Bois avec sa bayonette En Coupant le bois Et quelle N’entendoit pas Ce quil Luy disoit ; qu’un moment apres Elle vit Cet homme qui luy porta un Coup de bayonnette sur LEstomac, quelle Courut à Cette Negresse pour la secourire que Cet homme se mit à Jurer Et à s’emporter Contr’elle parce quelle Luy disoit pourquoy il vouloit assasiner Cette femme, que la dessus il Luy donna des Coups de bayonette sur la teste Et sur le Corps mais qu’ayant un Chapeau sur la teste Et un Corset de bonne Etoffe Cela fit quelle ne fut pas beaucoup blessé […], C’Est pourquoy Elle Se mit à fuir pour gagner le Couvent, Elle tomba, led. pochenet Luy donna alors plusieurs Coups de bayonette dans le Corps et dans le bras qui Entrerent malgré cela Elle Voulut Encore fuir.

led. Pochenet Luy dit, allons met toy à Genoux Et demande moy pardon; Elle Luy dit L’on ne demande pardon qu’à dieu, que malgré Cela Elle se mit à genoux Et Luy dit pardon Monsr que Malgré Cela Il Luy porta Encore deux ou trois Coups de bayonnette Et pendant Ce temps là toutes les autres Negresse se sauvèrent En Criant au Couvent Et à Lhopital au secours on nous assassine, Voila un soldat qui Court après nous touttes avec une bayonnette, que dans Ce moment Baptiste son Mary avec un jeune françois Et autres de Lhopital Coururent à son secours, Et lorsqu’il furent aupres d’Elle Et dudt Pochenet, il porta des Coups de bayonnette à son mary Et à Ce jeune francois qui Evitèrent ses Coups, es qu’ayant Resisté pour tâcher de prendre De saisir Cet homme furieux il En porta un Coup de sa bayonnette dans la main du­dit baptiste son mary dont il Est fort blessé et Comme il y vint d’autres personnes on Le saisit Et on l’amena a Lhopital où il juroit extrême­ment en faisant toujours le furieux, ensuite de quoy la garde vint qui L’Emmena Et on la fit panser qui Est tout Ce quelle se souvient de L’af­faire en question nous Nous affirmant que Cest la verste. »

Extrait du procès d’un soldat blanc poursuivis pour avoir attaqué des femmes esclaves nettoyant du linge dans le Mississippi.


Générique : Warm Sunset par Romarecord1973, disponible sur Pixabay

Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin.
Noémie Gmür et Clémentine Letellier à la technique.
Clémentine Letellier à la lecture des textes.

Enregistré au sein du Studio La Poudre de la Cité Audacieuse.

Femmes, genre et migrations

 

Il ne vous aura pas échappé que la question des migrations tient une place essentielle dans l’actualité nationale, européenne et mondiale. Pourtant, l’histoire nous apprend que la migration est un phénomène aussi ancien que l’humanité, que le déplacement des hommes et des femmes est un mouvement a toujours existé et que les économies du monde entier en ont longtemps profité, alors même que les frontières ont cherché à le contrôler et le criminaliser. Aujourd’hui, alors que les frontières de l’UE et des USA se ferment et que la xénophobie fleurit et que les politiques migratoires sont de plus en plus restrictives, il nous a semblé nécessaire de concentrer notre attention sur la question des migrations féminines et du genre des migrations. En effet, il est rare que l’on distingue les parcours migratoires masculins et féminins : au contraire, comme souvent, on applique au mot « migrant » le masculin générique, gommant la spécificité des  parcours migratoires féminins et masculins. Par ailleurs si rien n’interdit dans les programmes scolaires de s’intéresser aux migrantes autant qu’aux migrants, l’histoire et la géographie des migrations se font souvent au masculin.

Nous allons donc vous prouver l’intérêt de faire apparaitre les femmes et le genre dans les migrations grâce à nos deux invitées : l’historienne Linda Guerry, spécialiste du genre des migrations dans le passé, autrice de l’ouvrage publié en 2013, Le genre de l’immmigration et de la naturalisaiton dans la France de l’entre-deux guerre, L’exemple de Marseille (1918-1940), et la géographe Camille Schmoll, qui a fait paraître il y a deux ans un ouvrage essentiel, Les damnées de la mer, dans lequel à travers le parcours migratoire de Julienne, elle nous permet de comprendre la spécificité des parcours migratoires féminins.

Au-delà des récits de migration, il s’agit de comprendre en quoi, en considérant le genre des migrations, on pourrait repenser les politiques d’accueil en lien avec les besoins des migrants, hommes et femmes. Pour les enseignants qui nous écoutent, nous verrons dans la seconde partie du podcast en quoi la problématique de genre appliquée aux migrations peut vous permettre d’enrichir vos cours d’histoire et de géographie.

Bibliographie :

  • Bacon Lucie, Clochard Olivier, Honoré Thomas, Lambert Nicolas, Mekdjian Sarah et Rekacewicz Philippe,« Cartographier les mouvements migratoires »,  REMI vol. 32 – n°3 et 4 | 2016
  • Catarino Christine, Morokvasic Mirjana et Hily Marie-Antoinette (dir.), « Femmes, genre, migration et mobilités » , Revue européenne des migrations internationales , vol. 21 – n°1 | 2005
  • Diaz Delphine, Un Asile pour tous les peuples ? Exilés et réfugiés étrangers en France au cours du premier XIXe siècle, Paris, Armand Colin,  2014
  • Freedman Jane, « Conflit, crises et femmes réfugiées en Europe », Confluences Méditerranée  2017/4 N° 103 | pages 31 à 39
  • Green Nancy L. & Waldinger Roger (eds), A Century of Transnationalism: immigrants and their homeland connections, Urbana, University of Illinois Press, 2016
  • Guerry Linda , La naturalisation au service de la nation, gisti | « Plein droit », 2020/3 n° 126 | pages 36 à 39
  • Guerry Linda,  Le Genre de l’immigration et de la naturalisation. L’exemple de Marseille (1918-1940), Lyon, ENS Éditions,2013
  • Guerry Linda, Le regroupement familial, notice EHNE 2024
  • Larcher Smaïn, De la violence à la persécution, femmes sur la route de l’exil, Paris, La Dispute, 2010
  • Larcher Smain, L’odyssée des femmes sur la route de l’exil et ses violences, Écarts d’identité n°136, Exil au féminin, 2020
  • Latouche Alice « Ouvrez les frontières ! Ouvrez les villes ! » : L’effet paradoxal des politiques d’hébergement sur la vulnérabilité des femmes migrantes à Athènes » , Espace populations, société, 2021/2-3
  • Lendaro Annalisa, Rodier Claire & Vertongen Youri Lou (dir.), La Crise de l’accueil. Frontières, droits, résistances, Paris, La Découverte, 2019
  • Manning Patrick, Migration in World History, New York & London, Routledge, 2012 [2005]
  • Martini Manuela, timent en famille. Migrations et petite entreprise en banlieue parisienne au XXe siècle, Paris, CNRS Éditions, 2016
  • Migreurop, Atlas des migrations dans le monde, Liberté de circulation, Frontières, inégalités, Dunod, 2022
  • Rogers Rebecca & Thébaud Françoise (dir.), « Voyageuses », Clio. HFS, 28, 2008
  • Santinelli-Foltz Emmanuelle, « Quitter les siens. Mariage, migration et genre au haut Moyen Âge », Clio. FGH, 50, p. 249-273.
  • Schmoll Camille, Les damnées de la mer. Femmes et frontières en Méditerranée, Paris, La Découverte, 2020
  • Tassin Louise, « Le mirage des hotspots, Nouveaux concepts et vieilles recettes à Lesbos et Lampedusa », Savoir/Agir  2016/2 N° 36 | pages 39 à 45
  • The International Migration Review ,Vol. 40, No. 1, « Gender and Migration Revisited » (Spring, 2006), pp. 64-81
  • Tyzler Elsa, « Boza disent aussi les femmes », Vacarme n°83, 2018/2, page 6 à 9
  • Tyzler Elsa, « Nous sommes des battantes. » Expériences de femmes d’Afrique centrale et de l’Ouest à la frontière maroco-espagnole , Genre, sexualité et société, « Vulnérabilités », 25, Printemps 2021
  • Tyzler Elsa, « Se soutenir. Expériences de sororité aux frontières de l’Europe » , Ecarts d’identité n°136, Exil au féminin, 2020

Sitographie :

Missing Mogrants Projet, URL : https://missingmigrants.iom.int/region/mediterranean 

 Grand Reportage, Lampedusa, une île entre deux mondes, RFI, émission diffusée le 17/10/2013

International Organization for Migration, Living without them: Stories of families left behind, 4 épisodes, 2021

LSD, La Série Documentaire, Femmes migrantes invisibles, France Culture, 6 octobre 2021

Romane Frachon, Femmes et frontières, QG le média libre, 6 épisodes, 2021

Genre etc, Femmes et Frontières en Méditerranée, avec Camille Schmoll, Science Po, 2022

Un podcast à soi, Migrantes et combattantes, n°36, Arte Radio Podcast, mai 2022

 

 

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La Querelle des femmes

 

Aujourd’hui, en compagnie d’Eliane Viennot, nous nous intéressons à cette longue polémique de l’histoire intellectuelle et culturelle de la France et de l’Europe, que l’on nomme « la Querelle des femmes ». Notre invitée nous explique en quoi cette querelle est représentative des préjugés envers les femmes et des entraves à leur présence dans le champ littéraire, philosophique, scientifique et politique depuis le XVe siècle.

Eliane Viennot est un personnage plutôt connu dans l’espace public français, puisqu’elle se bat depuis des années en faveur de la langue inclusive (Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, 2014) et son combat est assez médiatisé. Mais elle est également professeure émérite de littérature de la Renaissance et spécialiste des relations de pouvoir entre les sexes. Son ouvrage, la Querelle des femmes ou n’en parlons plus , sorti en 2019 et son site internet (elianneviennot.fr) retracent dans les détails les élements essentiels de cette polémique que nous allons décortiquer dans cet épisode.

Bibliographie :

  • DUBOIS-NAYT Armel, DUFOURNAUD Nicole, PAUPERT Anne (dir.), Revisiter la « Querelle des femmes ». Discours sur l’égalité́/inégalitéś des sexes, de 1400 à 1600, Saint-Etienne, Publications de l’université́ de Saint-Étienne
    (coll. « École du genre »), 2013, vol. 3/4.
  • DUBOIS-NAYT Armel, HENNEAU Marie-Élisabeth, Von KULESSA Rotraud (dir.), Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l’égalité́/inégalitéś des sexes en Europe, de 1400 aux lendemains de la Révolution, Saint-Étienne, Publications de l’université́ de Saint-Étienne (coll. « École du genre »), 2015, vol. 4/4.
  • DUFOURNAUD Nicole, La querelle des dames à la Renaissance, EHNE
  • HAASE-DUBOSC Danielle, « Intellectuelles, femmes d’esprit et femmes savantes au XVIIe siècle », dans Femmes, genre, histoire, n°13, avril 2001, pp. 43-67.
  • MARSAY Julien, La revanche des autrices. Enquête sur l’invisibilisation des femmes en littérature, ed. Payot.
  • TICRIZENIS Daphné, Autrices, ces grandes effacées qui ont fait la littérature, Tome 1, du Moyen Âge au XVIIe siècle, ed. hors d’atteinte
  • VIENNOT Éliane, La Querelle des femmes ou n’en parlons plus, Ixelle éditions, 2019, 124 p.
  • VIENNOT Éliane, Revisiter la « Querelle des femmes ». Discours sur l’égalité-inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution, avec la collaboration de PELLEGRIN Nicole, Saint-Etienne, Publication de l’Université de Saint-Etienne, 2012, 204 p.
  • VIENNOT Éliane, Ce que l’imprimerie changea pour les femmes , Revue de la Bnf, 2011/3 (n° 39), pages 14 à 21
  • VIENNOT Éliane, La France, les femmes et le pouvoir. L’invention de la loi salique (Ve-XVIe siècle), Paris, Perrin, 2006.
  • VIENNOT Éliane, « Une intellectuelle, auteure et mécène parmi d’autres : Marguerite de Valois (1553 – 1615) », dans Femmes, genre, histoire, n°13, avril 2001, pp. 125-134.
  • ZIMMERMANN Margaret, «Querelle des Femmes, querelles du livre » in de COURCELLES  Dominique et VAL JULIÁN Carmen (dir.), Des femmes et des livres, Publications de l’École nationale des chartes, | p. 79-94 .

Sitographie :

Textes et crédits :

  • Texte 1 : Christine de Pisan, La Cité des Dames, Stock « Moyen Âge », 1986, 1ère édition : 1405

« Si l’on voulait prétendre que les femmes ne sont pas assez intelligentes pour apprendre le droit, l’expérience prouve le contraire. On a vu de nombreuses femmes – et l’on en trouve encore de nos jours – qui furent de très grandes philosophes et qui purent maîtriser des disciplines aussi difficiles et nobles que le droit. D’autre part, si l’on voulait affirmer que les femmes ne sont pas faites pour la politique et le pouvoir, je pourrais te citer l’exemple de beaucoup de femmes qui ont déjà régné. Et afin que tu comprennes mieux, je te rappellerai encore quelques-unes de tes contemporaines qui, restées veuves, ont si bien dirigé leurs affaires après la mort de leur mari qu’elles fournissent la preuve irréfutable qu’aucune tâche est trop lourde pour une femme intelligente. »

  • Texte 2 : Les oeuvres de Mesdames de Roches, vol. 2, 1579,

« L’Envie, voyant une femme faire la sépulture de Phocion, empoisonné par ses concitoyens, entre en fureur et décide de se venger en transformant les hommes en tyrans domestiques et en interdisant aux femmes le livre et le savoir. Mais Agnodice fera échouer son plan.

(…)

Ah! je me vengerai (ce dit-elle) tu veux défendre

Phocion, dont je hais encor la morte cendre,

Sache qu’en peu de temps je te ferai sentir

De ton hâtif secours un tardif repentir:

Car en dépit de toi je t’animerai les âmes

Des maris, qui seront les tyrans de leurs femmes,

Et qui leur défendant le livre et le savoir,

Leur ôteront aussi de vivre le pouvoir.

Les voulant secourir couvrit sa double pomme »

  • Texte 3 : François Poulain de la Barre, De l’égalité des deux sexes, 1673.

« Il serait aisé de conclure que si les femmes sont capables de posséder souverainement toute l’authorité publique, elles le sont encore plus de n’en estre que les Ministres: comme d’estre Vice-Reines, Gouvernantes, Secrétaires, Conseillères d’Etat, Intendantes des Finances. Elles peuvent être Généralles d’Armée


Générique : Warm Sunset par Romarecord1973, disponible sur Pixabay

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Femmes et genre dans les conflits du XXe siècle.
Guerres mondiales, guerres coloniales, nouvelles conflictualités

Nous nous sommes déjà intéressées dans ce podcast à la présence des femmes dans la guerre (souvenez-vous de l’épisode 12 de notre saison 1), mais nous avions envie de revenir sur les guerres du XXe siècle : non pas que ce siècle ait connu plus de guerres que les précédents, mais les conflits du XXe siècle ont atteint par différents aspects une dimension jusque-là inconnue.

Françoise Thébaud, les femmes au temps de la guerre de 14, Payot, 2013Par ailleurs, dans les programmes scolaires du secondaire, les guerres du XXe siècle occupent une place majeure, et c’est souvent un prétexte pour ne pas donner de place aux femmes, les guerres étant encore perçues comme des évènements historiques typiquement masculins, ou au mieux neutres.

Pourtant, depuis 40 ans, les recherches sur la place des femmes dans la guerre et le genre des guerres du XXe siècle ont pris une ampleur considérable. Les historiennes et les historiens du monde, après s’être interrogés sur les rôles occupés par les femmes dans les conflits, ont mesuré les effets de la guerre sur les sociétés, les relations hommes-femmes et les rôles de genre. Aujourd’hui, les travaux portent sur les sexualités et l’intimité des populations qui subissent la guerre. Dans ces réflexions, hommes et femmes ont toute leur place.

Pour faire avec nous un bilan des avancées de l’histoire des femmes et du genre dans les conflits du XXe siècle et réfléchir à la façon dont on peut introduire ces recherches dans les cours du secondaire, nous avons invité Françoise Thébaud : historienne des femmes et du genre, historienne de la maternité et de l’engagement politique des femmes, elle s’est aussi beaucoup consacrée à la question de la place des femmes dans les conflits du XXe siècle et au genre de la guerre. Elle a été la première présidente de Mnemosyne (2000 à 2008) et elle a été jusqu’en 2018 codirectice de la revue Clio-Femmes, Genre, Histoire qu’elle a confondée en 1995.

Propositions de documents pour vos cours :

Dans cette épisode, Françoise Thébaud nous parle de beaucoup de femmes et de sources différentes, notamment de ce qu’on appelle des « ego sources ». Voici celles qu’elle nous présente dans cet épisode (L’ordre des sources présentées ci-dessous suit majoritairement le déroulé de l’épisode) :

  • des carnets d’infirmières canadiennes. 

Des infirmières militaires canadiennes, mai 1917Des infirmières militaires de l’hôpital général canadien no 10 du Corps de santé royal canadien arrivent à Arromanches, France, le 23 juillet 1944.Pour en apprendre plus sur les infirmières militaires du Canada qui sont venues en Europe lors des deux guerres mondiales, nous vous conseillons la lecture de cette page internet issue du site du gouvernement du Canada dédié aux vétérans de guerre (cliquez sur ce lien), mais également cet article de mars 2022 publié sur le site internet du centre canadien pour la Grande Guerre (cliquez sur ce lien). Pour varier les supports, nous vous conseillons l’écoute de cet épisode de podcast de la Bibliothèque et Archives Canada qui présentent les ego sources rédigées par ces infirmières canadiennes. L’épisode est intégralement retranscrit.

 

 

 


  • Edith Cavel, infirmière britannique (Première Guerre mondiale)Edith Cavell

Vous pouvez aussi mobiliser des connaissances et des ressources sur des infirmières européennes, et notamment Edith Cavel que Françoise Thébaud mentionne dans cet épisode. N’hésitez pas à aller faire un tour sur la page qui lui est dédiée sur le site du National WWI Museum and Memorial de Kansas City aux Etats-Unis, qui vous donnera également accès à des sources intéressantes pour qui maîtrise l’anglais.


  • Marie Curie et ses voitures radiologiques (Première Guerre mondiale)

Même les programmes scolaires n’osent pas ne pas parler de Marie Curie. Il nous est possible d’aborder le rôle de cette illustre scientifique durant la Première guerre mondiale, et nous vous proposons deux supports pour vous y aider. Tout d’abord, vous pouvez lire cet article du journal Le Figaro rédigé lors du centenaire de la guerre 14-18 et proposé en pdf sur le site de l’académie de Versailles (cliquez sur ce lien). Vous pouvez également regarder cette vidéo proposée par le réseau Canopé « Marie Curie dans la guerre »

petite curie

(on notera l’absence de femmes sur cette photographie).


  • Les bataillons de femmes russes (Première Guerre mondiale)

Maria Botchkareva, Yaska, journal d'une femme combattante, Russie 1914 - 1917), Armand Colin, 2012Françoise Thébaud mentionne dans cet épisode les bataillons de femmes cosaques et vous conseille la lecture de l’ouvrage de présenté par Stéphane Audouin-Rouzeau et Nicolas Werth : Maria Botchkareva, Yashka, journal d’une femme combattante, Armand Colin,2012. Pour compléter cette lecture, voici le lien vers un article de RetroNews sur ces bataillons de femme en Russie, rédigé par Marina Bellot en 2017 et mis à jour en 2021.

Retronews bataillon femme russie


 

  • Le monument aux morts de Lodève

Impossible de parler de la Première Guerre mondiale sans évoquer les monuments aux morts. Or, certains sont très intéressants à utiliser en classe pour parler des femmes. Voici par exemple le monuments de Lodève, dans l’Hérault (photographie prise après le nettoyage du monument, par B. Derrieu en 2013) :

Pour plus d’information sur ce monument, vous pouvez lire ce passage d’un article d’In Situ, Revue des patrimoines, consacrés aux monuments érigés par le sculpteur Paul Dardé, ou encore cette page de l’université de Lille décrivant le monument. Il existe d’autres monuments de ce type, et François Thébaud cite celui de Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, également présenté sur le site de l’Université de Lille consacré aux monuments aux morts (cliquez ici).

monument aux morts de St-Pol-de-Léon (Finistère)


  • Lioudmilla Pavlichenko (Seconde Guerre mondiale)

Lyudmila PavlichenkoExemple emblématique des tireuses d’élites actives lors de la Seconde Guerre mondiale, Ludmilla Pavlichenko, surnommée « lady Death », est présentée dans cet épisode par Françoise Thébaud. Pour en apprendre plus sur cette soldate, voici un article (en anglais) issu du site du National WWII Museum de La Nouvelle Orléans (cliquez ici).

 

 


  • Louise de Bettignies, espione de guerre (Seconde Guerre mondiale)Louise de Bettignies, mémoire

Françoise Thébaud souligne l’image ambiguë de l’espionne durant la Seconde Guerre mondiale. Il est donc d’autant plus important, à ce titre, de présenter cette femmes à nos élèves. Pour vous y aider, voici deux ressources qui peut vous être utiles : un article sur la page « Chemin de Mémoire » du site du ministère des Armées qui lui est consacré (cliquez ici), et un docu-fiction présenté par France Inter avec la participation de l’historienne Chantal Antier (cliquez ici).

Si vous souhaitez mobiliser davantage de figure d’espionne, n’hésitez pas à mobiliser la figure plus connue de Rose Valland, espionne durant la Seconde Guerre mondiale et passionnée d’art, notamment grâce à ce récit de Jennifer Lesieur. Si vous travaillez sur la Guerre froide, n’hésitez pas à consulter l’ouvrage de Chloé Aeberhardt, Les espionnes racontent, Robert Laffont, 2017, qui met en récit les actions d’anciennes espionnes de la Guerre Froide. Pour un avant goût du contenu de cet ouvrage, voici un épisode de l’émission « Le Book Club » de France culture qui parle en parle.

 

  • Jeanne Bohec, une autre figure de la résistance française. 

Des résistantes en France, on en connait beaucoup, que ce soit Marguerite Duras, Lucie Aubrac, Rose Valland, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Laure Diebold, Yvonne Le Roux, Renée Lévy, Simone Michel-Lévy, Marie-Madeleine Fourcade, Marie-Claude Vaillant-Couturier… Françoise Thébaud a choisi, dans cet épisode de notre podcast, de nous parler de Jeanne Bohec. Nous vous conseillons, comme ressource complémentaire, de consulter cette page du musée de la résistance consacrée à « la plastiqueuse à bicyclette ».

photo d'identité de Jeanne Bohec - service historique de la Défense, 16 P 67268 ©

photo d’identité de Jeanne Bohec – service historique de la Défense, 16 P 67268 ©


  • Des historien·nes travaillant sur les femmes dans les guerres de la 2ème moitié du XXe siècle

François Thébaud cite plusieurs historien·nes durant l’épisode, dont le travail nous permet de mieux connaître et donc mieux enseigner une histoire mixte des conflits de la 2ème moitié du XXe siècle, notamment dans les conflits coloniaux. Ainsi, notre invité mentionne le travail de François Guillmot sur la guerre du Vietnam, ou encore celui de Djamila Amrane sur la guerre d’Algérie.

François Guillemot, Des vietnamiennes dans la guerre civile, L'autre moitié de la guerre, 1945-1975, Indes Savantes, 2014

François Guillemot, Des vietnamiennes dans la guerre civile, L’autre moitié de la guerre, 1945-1975, Indes Savantes, 2014

Danièle Djamila Amrane-Minne, Des femmes dans la guerre d'Algérie, préface de Michelle Perrot, Karthala, 1994

Danièle Djamila Amrane-Minne, Des femmes dans la guerre d’Algérie, préface de Michelle Perrot, Karthala, 1994


  • Les violences de guerreMarta Millers, Une femme à Berlin

Nous abordons également dans cet épisode le thème des violences de guerre envers les femmes. A ce sujet, Françoise Thébaud mentionne l’ouvrage autobiographique de Marta Millers, l’une des nombreuses Allemandes à avoir subi les viols de guerre perpétrés par l’armée soviétique en 1945. Elle a publié son journal, ce qui constitue l’une des ego-source extrêmement utile pour la transmission de l’histoire. Pour compléter la lecture de ce journal, nous vous invitons à écouter cette interview de la metteuse en scène Brigitte Haentjens, qui a adapté ce journal au théâtre, diffusée sur Radio Canada.


  • Des guerres émancipatrices pour les femmes ?

Françoise Thébaut évoque une affiche réalisée par Henri Lebasque et présentant les rôles sexués imposé à la population lors de la période de reconstruction qui suit la Première Guerre mondiale. Pour aller plus loin dans la découverte, l’étude et l’utilisation de ce document extrêmement riche, rien de mieux que le site « lHistoire par l’image » qui lui consacre une page complète. Vous trouverez d’ailleurs des liens vers d’autres dossiers passionnément utiles pour enseigner une histoire mixte (cliquez sur la photo pour accéder au site de l’histoire par l’image) : L'emprunt de la paix

Dominique Fouchard, Le Poids de la guerre. Les Poilus et leur famille après 1918, Rennes, PUR, 2013

Dominique Fouchard, Le Poids de la guerre. Les Poilus et leur famille après 1918, Rennes, PUR, 2013

Il est également fait mention, dans cet épisode, de la question du retour des Poilus après la guerre et de la place des femmes dans la société. La discussion vise à s’interroger sur l’émancipation réelle ou non des femmes liées aux guerres. Notre invitée évoque à ce propos l’ouvrage de Dominique Fouchard, Le Poids de la guerre. Les Poilus et leur famille après 1918, Rennes, PUR, 2013. Vous pouvez accéder au compte-rendu de lecture que François Thébaud a rédigé dans le n°39 de la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire (cliquez ici).

L’émancipation ne concerne pas seulement l’obtention du droit de vote, ou le travail des femmes, mais également leur accès à l’éducation. A ce propos, il est intéressant de mobiliser les textes de lois dans nos corpus documentaires. Voici un extrait de l’arrêté du 10 juillet 1925, complétant la réforme du plan d’étude de l’enseignement secondaire, dite réforme Léon Bérard (mai 1923) :

arrêté juillet 1925 éducation filles


 

Vous trouverez également une multitude de documents relatif aux femmes dans les guerres sur le site suivant : « A Closer Look At The Women’s Work Collection »

Bibliographie

  • Clio, Femmes, Genre, Histoire, « Les lois genrées de la guerre », 2014/1 (sous la direction de Fabrice Virgili)
  • Capdevila Luc, François Rouquet, Fabrice Virgili et Danièle Voldman, Sexes, genre et guerres (France, 1914-1945), Petite bibliothèque Payot, 2e éd., 2010
  • Handfield Nicolas, Julie Le Gac & Chloé Poitras-Raymond (dir), Femmes en guerre, de l’époque médiévale à nos jours, Lille, Septentrion, 2022.
  • Rouquet François & Fabrice Virgili, Les Françaises, les Français et l’épuration, Folio Histoire, 2018
  • Thébaud Françoise, Les Femmes au temps de la guerre de 14, Petite bibliothèque Payot, 2013 (réédition complétée)
  • Thébaud Françoise, Yannick Ripa, La Condition des femmes de 1789 à nos jours, la Documentation photographique, 2022

Textes et crédits :

  • Texte 1 : Lettre de paysannes de Chantelouve (village de l’Oisans) au préfet de l’Isère (extraits), 29 mai 1916

« Monsieur le Préfet,

Permettez-nous s’il se peut de vous exposer nos besoins. Nous trouvant dans l’impossibilité absolue de pouvoir cette année rentrer nos récoltes, faute de bras d’hommes, nous venons faire appel à votre bienveillance. Afin d’interpréter [sic] pour nous auprès de l’autorité militaire. […. Elles demandent des permissionnaires agricoles] Ce n’est pas nous pauvres femmes qui faucherons, car nos forces déjà si épuisés par le surmenage et le chagrin continuels depuis deux ans ne le permettent pas. (…) Veuillez nous excuser, Monsieur le Préfet, de la liberté que nous prenons à votre égard. Nous espérons fermement que vous aurez égard à notre situation (….)»

Valentine Blanc, Marie Cros, Marie Siaud et un groupe de femmes de mobilisés

  • Texte 2 : extrait de Yashka, Journal d’une femme combattante, 1923, p.39

« Jour et nuit ma pensée se portait vers les champs de bataille, et je croyais entendre la plainte de mes frères blessés. Jusque dans le Nord sauvage de la Sibérie retentissait le choc des armées immenses. Les bruits les plus divers circulaient, bruits de victoires et de défaites, et le monde parlait à voix basse des torrents de sang répandu, et de la masse énorme des mutilés retirés du front et refluant vers les plaines. Je brûlais du désir d’aller là-bas, moi aussi, d’être baptisée dans le feu et purifiée dans la fournaise. J’éprouvais le besoin du sacrifice ; mon pays m’appelait et une force intérieure irrésistible m’entraînait. Il fallait seulement que mon mari s’éloignât pour quelques jours. »

  • Texte 3 : Journal La Française, 19 décembre 1914 – Jane Misme, “Une campagne féminine des pays ennemis et des pays neutres en faveur de la paix” (extraits)

« Cette agitation, pour que nous continuions à traiter en amies les citoyennes des pays ennemis, pour que, unies à elles, nous adjurions les hommes qui s’entr’égorgent de se tendre la main, nous choque… nous révolte (…). Les Françaises se déclarent solidaires des Français qui soutiennent la guerre, qui, eux non plus, ne l’ont point voulue mais qui l’ont si fièrement acceptée pour sauver la France attaquée. (…) Les désavouer, ce serait trahir eux et la patrie. Aujourd’hui l’âme des Françaises les plus pacifistes se bat contre l’ennemi, à côté de nos soldats. Et tant que durera la guerre, les femmes de l’ennemi seront aussi l’ennemi. (…) Que nos collègues internationales se persuadent qu’il ne peut y avoir en ce moment aucune question internationale féminine. Il n’y a qu’une seule et immense question internationale tout court. Elle ne peut se résoudre que par la logique des choses, c’est-à-dire par la défaite d’une des forces engagées. Pour cette solution, hélas ! aucune diplomatie ne peut rien. Il faut, le cœur déchiré, laisser agir les armes et couler le sang.»

  • Texte 4 : Lettre de Maurice Drans, fils de commerçants, 23 ans en 14 à sa fiancée Georgette connue lors d’une permission. Lettre écrite le 17 mai 1917  (extrait)

« O ma Georgette, je devrais te parler d’amour, et je te parle de ça [un champ de cadavres] ! Ah ! Dans ces moments-là, titubant, ivre, abandonné, frissonnant, naufragé, je tends les bras vers toi, je t’implore, je te supplie. Je suis un homme pourtant et des fois je grince des dents pour ne pas pleurer. »

Générique : Warm Sunset par Romarecord1973, disponible sur Pixabay

Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin.
Noémie Gmür et Clémentine Letellier à la technique.
Clémentine Letellier à la lecture des textes.


Pouvoir et corps des femmes.
Accouchées et sages-femmes royales en France aux XVIIe et XVIIIe siècles

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Comme vous le savez, dans ce podcast, on s’intéresse beaucoup au corps des femmes et à la façon dont le corps féminin est souvent présenté comme une limite pour l’action, alors même qu’il est instrumentalisé et utilisé par des sociétés patriarcales, au gré des besoins. Depuis quelques années, les historien·nes se sont intéressés au pouvoir des reines et aux différentes modalités de son expression : c’est ce qu’on appelle les Queenship studies.

Aujourd’hui, nous recevons Pascale Mormiche, qui a publié, aux éditions CNRS, en 2022 un ouvrage intitulé Donner vie au royaume. Grossesses et maternités à la Cour, XVIIe – XVIIIe siècles. Ensemble, nous observerons la façon dont les corps des reines et des princesses royales ont été mobilisés dans la reproduction d’héritiers et d’héritières par la monarchie française des XVIIe et XVIIIe siècles, dans des stratégies d’exercice et de conservation du pouvoir. Il s’agit donc ici de considérer la grossesse et la maternité comme des événements majeurs des dynasties royales.

Cette question des grossesses royales nous amènera à observer plus largement la question du corps et de la sexualité des princesses et des reines ainsi que l’existence des différentes actrices et acteurs de la surveillance et plus largement, de la reproduction des familles royales, et en particulier les sages-femmes. À travers leur rôle et leurs compétences, c’est toute la question des savoir-faire féminins à l’époque moderne, leur acquisition et leur transmission, que nous pourrons interroger.

Comme d’habitude, nous vous parlerons également des possibilités qu’offre cette étude scientifique dans l’élaboration de vos cours, notamment en classe de 5e et de 2nde.

Propositions de documents pour vos cours :

Dans cette épisode, nous évoquons la possibilité d’étudier la construction de l’Etat royal en France à partir de l’étude de la construction dynastique du pouvoir, ce qui passe immanquablement par la reproduction sexuelle des rois et des reines.

Pour cela, nous vous proposons plusieurs documents ci-dessous :

Bibliographie

  • BEAUVALET-BOUTOUYRIE Scarlett, Renard Jacques, « Des sages-femmes qui sauvent les mères ? », Histoire, économie et société, 1994, 13e année, no 2, p. 269-290.
  • BERTHIAUD Emmanuelle, « Grossesse désirée, grossesse imposée : le vécu de la grossesse aux XVIIIe- XIXe siècles en France dans les écrits féminins privés », dans Histoire, économie & société 4/2009 (28e année), p. 35-49.
  • BERTHIAUD Emmanuelle, «La grossesse invisible: la représentation des reines et des princesses enceintes à la cour de France (XVIIe-XIXe siècles)», Naissance et petite enfance à la cour, Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2016.
  • COESTER Christiane, « Passages de frontières. Le voyage de la jeune mariée dans la haute noblesse des temps modernes (XVe-XVIIIe siècle) », Genre & Histoire [en ligne], 9, Automne 2011.
  • COSANDEY Fanny, « Les femmes en monarchie : épouses ou héritières ? », dans CAPDEVILA Luc et al. (dir.), Le genre face aux mutations : Masculin et féminin, du Moyen Âge à nos jours, Rennes, PUR, 2003.
  • COSANDEY Fanny, La Reine de France. Symbole et pouvoir, XVe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, « Biblio- thèque des histoires », 2000.
  • GARGAM Adeline, « L’obstétrique au XVIIIe siècle : un territoire de femmes convoité par les hommes », dans Femmes et Sciences, Paris, éd. Association Femmes et Sciences, 2012, p. 73-90.
  • GAUDE-FERRAGU Murielle, La reine au Moyen Âge. Le pouvoir au féminin, XIVe-XVe siècle, Paris, Tallandier, 2014.
  • GAUDE-FERRAGU Murielle, LAURIOUX Bruno et PAVIOT Jacques (dir.), La Cour du Prince. Cour de France, cours d’Europe, XIIe-XVe siècle, Paris, Champion, «Études d’histoire médiévale », 13, 2011.
  • GÉLIS Jacques, La sage-femme ou le médecin. Une nouvelle conception de la vie, Paris, Fayard, 1988.
  • HANAFI Nahema, « Le fruit de nos entrailles: la maternité dans les écrits des nobles toulousaines du siècle des Lumières», Annales du Midi, 2010, t. 122, no 269, p. 47-74.
  • HANAFI Nahema, Le frisson et le baume. Expériences féminines du corps au Siècle des Lumières, Rennes- Paris, PUR, CTHS, 2017
  • LAURENT Sylvie, Naître au Moyen Âge, De la conception à la naissance : la grossesse et l’accouchement (XIIe-XVe siècle), Paris, Le Léopard d’or, 1989.
  • LEWIS Andrew W., Le sang royal. La famille capétienne et l’État, France, Xe-XIVe siècle, Paris, Galimard, 1986.
  • MORMICHE Pascale et PEREZ Stanis, Naissance et petite enfance à la cour, Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2016.
  • MORMICHE Pascale, «De la grossesse à la naissance : le calendrier et le cérémonial (1638-1789) », Naissance et petite enfance à la cour, Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2016.
  • MORMICHE Pascale, Devenir prince. L’école du pouvoir en France, XVIIe – XVIIIe siècles, CNRS Editions, 2009
  • MORMICHE Pascale, Donner vie au royaume, CNRS éditions 2021
  • NOLDE Dorothea, « Princesses voyageuses au XVIIe siècle. Médiatrices politiques et passeuses culturelles », Clio. Histoire, femmes et sociétés, 28, 2008, p. 59-76.
  • PASCAL Eugénie, « L’attente de l’héritier. Désir d’enfant, grossesse et délivrance dans les lettres de princesses (1560-1630)», dans MCCLIVE Cathy et PELLEGRIN Nicole (dir.), Femmes en fleurs. Femmes en corps. Sang, Santé, Sexualités, du Moyen Âge aux Lumières, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, coll. « L’école du genre », série « nouvelles recherches », no 4, juin 2010.
  • PEREZ Stanis, Le corps de la reine, Paris, Perrin, 2019.
  • PICCO Dominique, « “Réseaux de femmes, femmes en réseaux” : Avant-propos », Genre & Histoire [en ligne], 12-13, Printemps-Automne 2013.
  • ROGISTER John, « Queen Marie Leszczynska and Faction at the French Court, 1725-1768», dans CAMPBELL ORR Clarissa, Queenship in Europe 1660–1815, The Role of the Consort, Cambridge, Cam- bridge University Press, 2004.
  • SAGE PRANCHÈRE Nathalie, L’école des sages-femmes. Naissance d’un corps professionnel (1786-1917), Tours, Presses universitaires François Rabelais, coll. « Perspectives historiques », 2017.
  • SYLVÈNE Édouard, Le Corps d’une reine. Histoire singulière d’Élisabeth de Valois, Rennes, PUR, 2009.
  • VIENNOT Éliane, Marguerite de Valois. « La reine Margot », Perrin, Tempus, 2015
  • WILSON-CHEVALIER Kathleen et Viennot Éliane (dir.), Royaume de Fémynie. Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes, de la Renaissance à la Fronde, Paris, Champion, 1999.

Textes et crédits :

  • Texte 1 : annonce de Marie-Antoinette à sa mère le 17 juillet 1773 après une entrée solennelle à Paris.
  • Texte 2 : lette de Stanislas, père de Marie Leszczynska, au maréchal du Bourg, son secrétaire, dans Paul de Raynal, Le mariage d’un roi, Paris, Calmann-Lévy, 1887, p. 305.
  • Texte 3 :  réflexion de Louise Bourgeois, Sage-Femme de Marie de Medicis en 1617 dans Observations de Louyse Bourgeois ditte Boursier, Sage-femme de la Royne, livre deuxiesme, p. 215.
  • Texte 4 : Discussion entre la dernière princesse de Berry et son accoucheur Louis-Charles Deneux, dans Louis-Charles Deneux, Quatrième grossesse de la duchesse de Berry, Paris, A. Delahaye et E. Lecrosnier, 1881, p. 64.

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Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin.
Noémie Gmür et Clémentine Letellier à la technique.
Clémentine Letellier à la lecture des textes.



La guerre en Ukraine et les multiples photographies de femmes en uniforme, engagées dans l’armée ukrainienne auprès de leurs compagnons masculins, ont révélé au monde une réalité immémoriale : les femmes ne sont pas étrangères à la guerre. Dans le cadre d’une histoire de France qui glorifie les grands hommes et les grands soldats, toujours masculins, à l’exception notable de la figure de Jeanne d’Arc, et où l’on renvoie généralement les femmes à la société civile, passives et plutôt victimes des conflits qu’actives dans les combats, quelle place est faite aux femmes dans l’histoire de la guerre ? 4e de couverture - Prixmnemosyne2019

La question du genre de la guerre et de la place des femmes dans les guerres n’est pas neuve, elle est travaillée par les historiens et historiennes depuis plus de 25 ans. A Mnemosyne, nous avons donné le prix 2019 à Maria Goupil-Travert sur les Braves combattantes, humbles héroïnes, évoquant les femmes engagées dans la guerre pendant la Révolution. Ce mémoire a été dirigé par Dominique Godineau, qui elle même a écrit sur les femmes dans les guerres révolutionnaires il y a plus de 20 ans.

 

Ces travaux nombreux et passionnants restent peu connus et ne connaissent aucune traduction dans les programmes d’histoire. Pourquoi les femmes en guerre sont invisibles dans les cours du secondaire ? Comment faire pour y remédier ? Nous nous demanderons aussi en quoi réfléchir au genre de la guerre peut aider les élèves à mieux appréhender la réalité des conflits et progresser sur le chemin de l’égalité.

Aujourd’hui, Cécile Beghin reçoit trois spécialistes pour nous aider à répondre à toutes ces questions : Véronique Garrigues, Chloé Leprince et Fabrice Virgili.

 

Propositions de documents pour vos cours :

Pour le Moyen Âge (programme de 5e) :

Laodicée en armure

« La Vengeance de Bérénice (ou Laodicée) de Cappadoce » dans Giovanni Boccaccio (1313-1375), Le Livre des cleres et nobles femmes, v. 1488-1496, Cognac (France), Illustrations de Robinet Testard – BnF 599 fol. 63

 

  • Pour parler des femmes en armes au Moyen Âge, voici une enluminure de la reine Laodice représentée en armure :

 

 

 

 

Pour la Révolution et le XIXe siècle (4e et 1ère) :

Françaises devenues libres, Villeneuve (graveur), 1790, Paris, musée Carnavalet, 15,3 x 10,8cm.

Pour trouver des sources, notamment des textes de lois, mentionnant des femmes en arme durant la Révolution, et notamment à la Bastille, vous pouvez consulter le site de la base Baudouin.

Pour des références plus facilement (et rapidement !) accessible, voici quelques articles :

GODINEAU Dominique, « De la guerrière à la citoyenne. Porter les armes pendant l’Ancien Régime et la Révolution française »Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 20 | 2004, mis en ligne le 23 août 2013, consulté le 13 juillet 2022URL : http://journals.openedition.org/clio/1418

MARTIN Jean-Clément, « Travestissements, impostures et la communauté historienne. À propos des femmes soldats de la Révolution et de l’Empire », Politix, 2006/2 (n° 74), p. 31-48. mis en ligne le 1er janvier 2009, consulté le 13 juillet 2022. URL : https://www.cairn.info/revue-politix-2006-2-page-31.htm

MABO Solenn, « Femmes engagées dans la chouannerie : motivations, modalités d’actions et processus de reconnaissance (1794-1830) », Genre & Histoire [En ligne], 19 | Printemps 2017, mis en ligne le 01 juillet 2017, consulté le 13 juillet 2022. URL : http://journals.openedition.org/genrehistoire/2687

Enfin, vous pouvez réécouter en replay le café virtuel réalisé par l’APHG, en partenariat avec Mnémosyne, avec Maria Goupil-Travert pour son livre Braves combattantes, humbles héroïnes. Trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire (PUF, 2021) qui a reçu le prix Mnémosyne 2019. La discussion était animée par Véronique Garrigues. Mis en ligne le samedi 3 juillet 2021 : https://www.aphg.fr/Cafe-virtuel-avec-Maria-Goupil-Travert-pour-Braves-combattantes-humbles

Vous pouvez également utiliser, comme source pour vos dossiers documentaires, le Règlement de la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires de Paris (9 juillet 1793) [disponible sur Gallica], notamment l’introduction :

« Les Citoyennes Républicaines Révolutionnaires, convaincues que sans mœurs et sans principes il n’y a pas de liberté, et considérant que pour bien remplir ses devoirs domestiques il faut connaître ses devoirs sociaux, c’est sous ce point de vue qu’elles se réunirent en société pour s’instruire entre elles, apprendre à bien connaître la Constitution et les lois de la République, s’occuper des affaires publiques, soulager l’humanité souffrante, et défendre tous les individus qui seraient victimes de quelque acte arbitraire ; elles veulent bannir toute personnalité, jalousie, rivalité, envie, et justifier leur titre.
Mais outre l’esprit et le principe d’une société, il faut encore un règlement particulier qui en arrête toute les conditions ; en conséquence, elles ont arrêté le règlement suivant :
I – Le but de la société ayant pour objet [sic] de s’armer pour concourir à la défense de la Patrie ; sont néanmoins libres les Citoyennes de s’armer ou de ne pas s’armer.
(…27 articles en tout …)
La Société, après avoir entendu le règlement ci-dessus l’a arrêté le 9 juillet, l’an deuxième de la République française.
Signé : Rouseaud, présidente, Potheau, L. Monier, Dubreuil et Pauline Léon, secrétaires.
De l’imprimerie du Créole patriote, rue Transnonain.

 

Bibliographie

  • AMRANE Djamila, Les femmes algériennes dans la guerre, Paris, Plon, 1991.
  • BRAYBON Gail, SUMMERFIELD Penny, Out of the Cage : Women’s Experiences in Two World Wars, Londres & NewYork, Pandora, 1987 (rééd. Routledge, 2014)
  • CAPDEVILA Luc, ROUQUE François, VIRGILI Fabrice, VOLDMAN Danièle, Sexes, genre et guerres : France, 1914-1945, Paris, Payot & Rivages, 2010 [éd. revue, corrigée et actualisée].
  • Clio. Femmes, Genre, Histoire, 30 | 2009, « Héroïnes », Sophie Cassagnes-Brouquet et Mathilde Dubesset (dir.)
  • Clio. Femmes, Genre, Histoire, 39 | 2014, Les lois genrées de la guerre, Fabrice Virgili (dir.)
  •  Clio. Femmes, Genre, Histoire 20 | 2004, Armées, Luc Capdevila and Dominique GODINEAU (dir.)
  • FAERBER Johan, « Chloé Leprince : La contribution des « Pétroleuses » d’Edith Thomas à la connaissance de l’épisode communaliste est majeure », Diakritic, 18 mars 2021.
  • GARRIGUES Véronique, « Les femmes viriles, un genre de transgression pendant les guerres de religion ? », S. Édouard, L. Douzou et S. Gal (dir.), Transgression et société en guerre, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2017, p. 45-62
  • GOLDSTEIN Joshua S., War and Gender : How Gender Shapes the War System and Vice Versa, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
  • GOUPIL TRAVERT Maria, Braves combattantes, humbles héroïnes. Trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire, PUR, coll. Mnemosyne, 2021.
  • HAGEMANN Karen et al. (dir.), Home/Front : The Military, War And Gender In Twentieth-Century Germany,  New York/Oxford, Berg, 2002.
  • HIGONNET Margaret R. et al. (dir.), Behind the Lines : Gender and the Two World Wars,  New Haven/Londres, Yale University Press, 1987.
  • MAYOR Adrienne, Les Amazones. Quand les femmes étaient les égales des hommes (VIIIe s avt J-C, Ier s apr. J_C), La Découverte Poche, 2020.
  • STEINBERG Sylvie, « Le mythe des Amazones et son utilisation politique de la Renaissance à la Fronde », in WILSON-CHEVALIER (Kathleen), VIENNOT (Éliane)(dir.), Royaume de Fémynie. Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes, de la Renaissance à la Fronde, 1999, p. 261-273.
  • THÉBAUD Françoise, « La guerre est-elle émancipatrice pour les femmes ? », Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe [en ligne], EHNE, mis en ligne le 09/12/2020 et consulté le 11/07/2022 ; url : https://ehne.fr/fr/node/12372
  • THÉBAUD Françoise, « Penser les guerres du XXe siècle à partir des femmes et du genre. Quarante ans d’historiographie », Clio. Femmes, genre, histoire, no 39, 2014, p. 157-182.
  • THÉBAUD Françoise, La Grande Guerre : le triomphe de la division sexuelle », Histoire des femmes en Occident, vol. 5: Le XXe  siècle, Paris, Plon, 1992.
  • THOMAS Edith, Les Pétroleuses, Folio histoire 2020.
  • TRÉVISI Marion, NIVET Philippe, Les femmes et la guerre de l’Antiquité à 1918, Paris, Economica, 2010.
  • VERHAEGHE Sidonie, Vive Louise Michel ! Célébrité et postérité d’une figure anarchiste, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2021. Liste de ses publications sur Louise Michel : https://pro.univ-lille.fr/sidonie-verhaeghe/publications/
  • VIRGILI Fabrice, « Quand la guerre trouble le genre, XIXe-XXIe s », Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe [en ligne], EHNE, mis en ligne le 22/06/2020 et consulté le 11/07/2022 ; url : https://ehne.fr/fr/node/12451
  • WINGFIELD Nancy M., BUCUR Maria (dir.), Gender and War in Twentieth-Century Eastern Europe, Bloomington, Indiana University Press, 2006.

 

Textes et crédits :

  • Texte 1 : extrait issu de l’ouvrage de Marie GOUPIL TRAVERT, Braves combattantes, humbles héroïnes. Trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire, PUR, coll. Mnemosyne, 2021, p. 43.
  • Texte 2 : ibid, p. 93.
  • Texte 3 : extrait issu de l’ouvrage de Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes, Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, tome 25. Memoires de tres-noble et tres-illustre Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes, mareschal de France, admiral des mers de Levant, gouverneur de Provence, conseiller du roy, et capitaine de cent hommes d’armes, publié en 1822, conservé à la BnF,
  • Puis extrait issu de l’ouvrage de Marie GOUPIL TRAVERT, Braves combattantes, humbles héroïnes. Trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire, PUR, coll. Mnemosyne, 2021, p. 87-88.
  • Texte 4 : Extrait du tract « au travailleur des campagnes », déclaration de la commune de Paris, rédigé par André Léo en avril 1871, disponible aux Archives de Paris.
  • Chant : refrain du chant interprété par le Chœur des femmes de Radio France, Les Tourneuses d’Obus, sur une mélodie de Vincent Scotto en 1917. + d’infos sur Radio France. Paroles :

Nous somm’s les tourneuses d’obus
Les mômes des Poilus
On est pas des duchesses
On peut nous voir dès le matin
Nous cavaler au turbin
Et tout le jour à l’atelier
On cisèle l’acier
Comm’ des homm’s à la r’dresse
On peut dir’ qu’ell’s jett’nt leur jus
Les tourneuses d’obus.

Générique : Musique libre de droit par Musicincloud.

Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin.
Fanny Cohen-Moreau et Alice Durieux à la technique.
Clémentine Letellier à la lecture des textes.

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Depuis plusieurs années, à Paris et dans toutes les grandes villes du monde, les artistes féminines font leur apparition dans les musées et les galeries : dans le sillage des études de genre et de l’histoire des femmes, les artistes ou photographes du passé, longtemps invisibilisées sont « redécouvertes » et exposées devant un public ébahi de leur existence. Certaines artistes contemporaines parviennent à exposer leur travail, construire une œuvre et une renommée.

Si cette évolution vitale pour le milieu de l’art est bien accueillie du grand public il reste beaucoup à faire pour que les femmes artistes deviennent des artistes à l’égale des hommes. Les historiens et historiennes de l’art et du genre attirent l’attention sur la nécessité d’exposer, historiciser et analyser leurs œuvres autrement.

Dans les cours d’histoire, les artistes femmes sont peu ou pas étudiées, et lorsqu’un tableau féminin est utilisé, on ne pose jamais sur lui de questionnement de genre. Par ailleurs la représentation des femmes par les artistes hommes n’est jamais questionnée sous l’angle du genre.

Aujourd’hui alors que de nombreuses expositions sur des femmes artistes ont lieu à Paris, nous allons tenter avec Julie Verlaine de décrypter pour vous ces questions complexes.

Bibliographie

Ouvrages :

  • J. Birnbaum, Women artists in interwar France. Framing Feminities, Farnham, Ashgate, 2011
  • Foucher Zarmanian, Créatrices en 1900 : femmes artistes en France dans les milieux symbolistes, Mare & Martin 2015
  • Gonnad, W. Chadwick, The modern Woman revisited : Paris between the wars, 2003
  • Gonnard, Women Together/Women Apart : Portraits of Lesbian Paris, 2005.
  • Gonnard, Elisabeth Lebovici, Femmes artistes/artistes femmes. Paris, de 1881 à nos jours, Paris, Hazan, 2007.
  • Le Gac, F. Virgili, (dir.) L’Europe des femmes, XVIIIe – XXIe siècle. Recueil pour une istoire du genre en VO, Chapitre 10 « Place aux artistes », Perrin, 2017
  • Nochlin, Women, Art and Power, and other essays, NY, Routledge, 1988.
  • Sofio, Artistes femmes, la parenthèse enchantée (XVIIIe-XIXe siècles), Paris, CNRS éditions, 2014.

Articles et revues :

Sitographie :

Crédit :

Générique : Musique libre de droit par Musicincloud.

Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin, animé par Fanny Cohen-Moreau. Textes lus par Clémentine Letellier.

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Aujourd’hui, nous avons l’immense plaisir et honneur de recevoir Bibia Pavard, chercheuse spécialiste du féminisme contemporain, que vous connaissez peut-être mieux depuis la sortie de son livre déjà culte, écrit avec Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s’en chargeune histoire des féminismes de 1789 à nos jours, publié aux éditions La Découverte en 2020. Et puis elle est, depuis le 4 février 2022, la nouvelle Présidente de Mnémosyne.

[Attention, dans cet épisode nous parlons de violences sexistes et sexuelles, et notamment de viols.]

 

L’ouvrage a pour ambition de retracer une minutieuse histoire des féminismes depuis 1789. Notre ambition dans cet épisode sera plus restreinte : pour rester dans la thématique du corps, entamée dans notre épisode 9, Cécile Beghin a voulu explorer les liens qui se tissent entre le corps des femmes et les combats menés par les féministes entre seconde guerre mondiale et 1982, en particulier autour du droit à l’avortement.

Pour évoquer cette loi et la décennie qui l’a vue naître, on utilise parfois l’expression de « libération féminine ». Cette expression correspond-elle à une réalité et peut-elle véritablement être reliée aux étapes qui ont permis l’adoption puis la mise en place des lois sur la contraception et l’avortement, entre 1967 et 1982 ? Dans quel contexte politique et social ces lois ont-elles été adoptées ? quels obstacles ont-t-elle rencontrés ? Quels combats ont-elle impliqué ?

Avec Bibia et Clémentine, de retour parmi nous aujourd’hui pour la transposition didactique, mais sans fabliaux, nous allons essayer de répondre à toutes ces questions.

 

Bibliographie

  • Bibia Parvard, « Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Pratique des avortements (1973-1979) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 29 | 2009 « 68’, révolutions dans le genre ? »
  • Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel, Les lois Veil. Les lois événements fondateurs. Contraception 1974, IVG 1975, Paris, Armand Colin, coll. «U Histoire », série : Les événements fondateurs, 2012.
  • Bibia Pavard, Si je veux, quand je veux. Contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Presses universitaires de Rennes, coll. « Archives du féminisme », 2012.
  • Bibia Pavard, « Quand la pratique fait mouvement. La méthode Karman dans les mobilisations pour l’avortement libre et gratuit (1972-1975) », Sociétés contemporaines 2012/1 n° 85, pages 43 à 63.
  • Maud Gelly, Bibia Pavard, « De la fabrique des militantes à la fabrique des patientes, Deux mobilisations des profanes : l’avortement (1972-1975) et le dépistage du sida (2007-2011) » Genèses 2016/1 n° 102, pages 47 à 66.
  • Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, La Découverte 2020.
  • Retronews, dossier Société : Lois réprimant l’avortement et la contraception en 1920 et 1923. lien vers le dossier
  • Travaux préparatoires à la loi relative à la régulation des naissances, 20 décembre 1966. lien vidéo, ORTF, Réalisateur : Daniel Costelle. Durée : 03min 23s


Pour élargir nos réflexions, Clémentine Letellier et Cécile Beghin ont eu envie de sortir des lignes étroites tracées par les programmes et de vous emmener explorer une contrée souvent méconnue : celle des corps et des sexualités médiévales. En effet, chaque régime de genre implique des spécificités dans le rapport des sociétés au corps et à la sexualité. Comment les médiévaux considèrent-ils les corps des hommes et des femmes ? Quelles représentations s’établissent autour des corps féminins et masculins ? Quelles sexualités sont autorisées, recommandées ou interdites et condamnées ? En quoi les sexualités sont-elles révélatrices des mentalités et des rapports de domination qui structurent la société médiévale ?

Avec l’aide de Didier Lett, Professeur d’histoire médiévale à l’Université de Paris VII et spécialiste de la famille et des sexualités dans le Bas Moyen-Âge, Clémentine et Cécile vont essayer de répondre à toutes ces questions et elles parient qu’elles vont parvenir à vous montrer que ces questionnements sur les sexualités médiévales nous renvoient à des questionnements plus contemporains sur l’éducation à la sexualité de notre jeunesse.

Et parce que parler de sexualité ne signifie pas seulement aborder des thèmes réjouissants, il sera également fait mention dans cet épisode de violences sexuelles envers les femmes et les enfants. Pour parler de ces sujets plus dramatiques, nous présenterons le dernier ouvrage de Didier Lett, Viols d’enfants au Moyen Âge, genre et pédocriminalité à Bologne (XIVe – XVe siècle), paru aux éditions PUF en 2021.


La femme nouvelle, C. Fayolle

Caroline Fayolle, « La femme nouvelle. Genre, Education, Révolution (1789 – 1830), Paris, Editions du CTHS, 2017.

La citoyenneté est une notion complexe qui tient une place importante dans les programmes de collège et de lycée, mais qui est généralement utilisée de façon assez simpliste, avec le sens de « citoyenneté politique » qui en exclut longtemps les femmes. Avec Caroline Fayolle, agrégée d’histoire et MCF en histoire à l’université de Montpellier, nous nous interrogerons donc dans cet épisode sur la notion de citoyenneté révolutionnaire et sur l’éducation des femmes.

Bibliographie : 

  • Barthélémy Pascale, Sebillotte-Cuchet Violaine, « Sous la citoyenneté, le genre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n°43, 2016, Citoyennetés, pp. 7 – 22.
  • Bonaventure Lafaurie Élisabeth, Discours sur l’état de nullité dans lequel on tient les femmes, relativement à la politique, 1791. Texte édité par Caroline Fayolle, SIEFAR.
  • Fayolle Caroline, « Les fonctions politiques de la famille dans les livres d’éducation (1793 – 1816) », Dix-huitième siècle, n° 2010/1, pp. 633 – 653.
  • Fayolle Caroline, « Le sens de l’aiguille. Travaux domestiques, genre et citoyenneté (1789 – 1799) », Cahiers du Genre, 2012/2, n°53, pp. 165 – 187.
  • Fayolle Caroline, « Des petites républiques de filles. Projets et expérimentations pédagogiques révolutionnaires (1793 – 1794) », La Révolution française, 2013/4 Pédagogies, utopies et révolutions (1789 – 1848).
  • Fayolle Caroline, La Femme nouvelle. Genre, éducation, Révolution (1789 – 1830), Paris, CTHS, 2017.
  • Fayolle Caroline, « Madame Roland, symbole de l’influence « pernicieuse » des femmes sur la politique », Retronews, 2019, url : retronews
  • Godineau Dominique, Citoyennes tricoteuses. Les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution, Aix-en-Provence, 1988.
  • Godineau Dominique, « Autour du mot citoyenne », Mots, n°16, mars 1988. Numéro spécial Langages. Langue de la Révolution française, pp.91 – 110.
  • Marques-Pereira Bérangère, La citoyenneté politique des femmes, Paris, 2003.
  • Marques-Pereira Bérangère, Pfefferkorn Roland, « Genre, politiques sociales et citoyenneté : enjeux et recompositions », Cahiers du genre, 2013/3, pp. 5 – 19.
  • Mazeau Guillaume, Plumauzille Clyde, « Penser avec le genre : trouble dans la citoyenneté révolutionnaire », La Révolution française, n°9, 2015.
  • Moszkowski-Ouargli Pauline, Citoyennes des champs. Les femmes de Beaumont-du-Périgord pendant la Révolution française, PUR, coll. Mnémosyne, 2015.

Crédit :

Générique : Musique libre de droit par Musicincloud.

Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin, animé par Fanny Cohen-Moreau. Textes lus par Clémentine Letellier.

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