Dans la continuité du numéro précédent consacré à la cause des femmes, ce nouveau volume de Lumières se propose de revenir sur les réalités et les représentations de la condition des femmes dans l’Europe du XVIIIe siècle. Même si le statut le plus fréquent des femmes demeure alors le mariage, certain-e-s sont très critiques sur la situation des épouses tandis que d’autres réfléchissent à l’alternative possible que constitue le célibat. En matière d’éducation des filles, si la postérité a surtout retenue les propositions de Jean-Jacques Rousseau pour faire de Sophie la compagne soumise d’Émile, d’autres envisagent qu’une instruction différente pourrait transformer totalement la situation des femmes dans la société. Si peu de compétences professionnelles sont alors reconnues aux femmes, certaines revendiquent la reconnaissance de celles-ci non seulement en littérature mais aussi en obstétrique.

http://pub.u-bordeaux3.fr/index.php/revues/lumieres/la-condition-des-femmes-dans-l-europe-du-xviiie-siecle.html

COUV LUMIERES 24-2

sous la direction de Dominique Picco et Marie-Lise Paoli, PUB, 2015.

Ce numéro de Lumières ne se propose pas de présenter une collection de portraits de femmes du XVIIIe siècle sous forme de biographies ou de portraits de groupes sociaux ou intellectuels dans l’ensemble de l’Europe des Lumières, dans un pays ou une région spécifique, mais de montrer en quoi ce siècle a constitué un moment particulier dans l’évolution de la réflexion sur la situation des Européennes. Des textes de toute nature – roman, libelles, traités, écrits du for privé – mais aussi des images émanant d’hommes et de femmes, portent en effet en eux les éléments d’une critique de la condition des femmes, voire d’une dynamique d’émancipation, révélant une prise de conscience neuve.  Nombre de ces textes suggèrent une réflexion sur la notion de genre : les différences entre hommes et femmes sont souvent pressenties comme un conditionnement social et non plus comme une donnée biologique ou comme un invariant de la « nature  » féminine.  

http://pub.u-bordeaux3.fr/index.php/revues/lumieres/la-cause-des-femmes-dans-l-europe-des-lumieres-lumieres-65.html

couverture LUMIERES 23
sous la direction de Dominique Picco et Marie-Lise Paoli, PUB, 2014.

 

Cet ouvrage invite à découvrir, ou redécouvrir, l’œuvre de Françoise Collin (1928-2012), figure majeure du féminisme européen de la deuxième moitié du XXe siècle, fondatrice de la première revue féministe francophone, Les Cahiers du Grif.

Ses livres, ses articles composent une œuvre éclatée et pourtant très aboutie, inséparable de son cheminement personnel, de son souci constant d’allier le penser et l’agir en un même mouvement. S’y exprime, en toute liberté et responsabilité, la force créatrice de l’écrivaine d’avant-garde comme celle de la philosophe et de l’intellectuelle qui pense, à travers l’étude passionnée d’Hannah Arendt, le féminisme et le politique, et réfléchit avec Blanchot et Levinas à l’art et à l’écriture.

Internationales et pluridisciplinaires, les contributions réunies dans cet ouvrage illustrent des aspects spécifiques de son œuvre. La juxtaposition des points de vue, des lectures, révèle les différents registres d’une pensée qui, dans un constant va-et-vient entre théorie et pratique, réflexion et engagement, s’est déployée à l’écart des écoles, des courants, des systèmes

penser-avec-1recouv_0Fouygeyrollas Schwebel Dominique et Rochefort Florence (dir), Editions iXe, 2016

Des « histoires de belles-mères », chacun de nous en a ri, sans vraiment s’étonner de ne rien connaître de la véritable histoire de toutes ces femmes d’hier comme d’aujourd’hui. Or en changeant d’identité et de statut par le seul mariage de leurs enfants, elles jouent un rôle indéniable, qui peut dépasser les frontières de la famille pour s’inscrire au plus près du pouvoir. Voilà le vrai passé des belles-mères, dessiné ici par des récits de vie murmurés, des témoignages retrouvés, des archives oubliées, des chansons envolées, des œuvres artistiques revisitées…Une évidence s’impose : de l’Antiquité à nos jours, de la Mésopotamie au Japon, les belles-mères ont une histoire singulière et participent bel et bien de l’Histoire.

http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-l-etonnante-histoire-des-belles-meres-27058.php

histoire belle-mèreYannick Ripa (dir), Belin, 2015

 

Pauline Moszkowski-Ouargli

Citoyennes des champs

Les femmes de Beaumont-du-Périgord pendant la Révolution française

Rennes, Presses Universitaires de Rennes, août 2015

http://www.pur-editions.fr

CitoyennesChamps

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment les femmes des campagnes ont-elles vécu la Révolution française ? Loin de Paris, dans un bourg rural du Périgord, les Beaumontaises prennent la parole, pétitionnent et s’organisent. À partir de fonds conservés aux Archives départementales de la Dordogne, mais également aux Archives nationales, Pauline Moszkowski-Ouargli suit la pénétration de la Révolution française dans les territoires ruraux et comment la pratique de la langue française, la justice ou l’éducation devinrent alors des nouveaux enjeux quotidiens.

Tout en remettant en cause la hiérarchie politique entre les sexes, les femmes de Beaumont-du-Périgord étaient loin d’être unanimes, quant à la politique religieuse révolutionnaire ou à propos du droit de vote des femmes. Cette recherche permet, en personnifiant les citoyennes des champs, mal connues et marginalisées parce qu’éloignées des lieux de pouvoir, de mieux connaître l’engagement des femmes pendant la période révolutionnaire. Pour ce mémoire, soutenu à l’université de Bordeaux Montaigne, l’auteure a obtenu le prix 2013 de l’Association Mmémosyne pour le développement de l’histoire des femmes et du genre.

 

Le présent volume rassemble des articles relevant des études de genre ancrées dans le champ de l’histoire, de la littérature, de la philosophie, de l’histoire de l’art, de la sociologie. Les contributeur-trice-s ont tenu à souligner par leur participation l’apport essentiel des recherches conduites par ou sous la direction de Martine Lapied à la discipline historique. Plus précisément, cette dernière a développé trois axes thématiques. le premier est occupé par la révolution française observée sur le terrain de la Provence et du Comtat venaissin. Le deuxième ouvre sur une histoire désormais bien ancrée dans la recherche de langue française: l’histoire des femmes et du genre. Les études sur le genre irriguent depuis plusieurs années les travaux sur les instances de socialisation et de politisation où se manifestent prioritairement des formes historiques de domination. Qui plus est, au titre d’une critique permanente de la pensée essentialiste sur la différence hommes/femmes, la recherche en sciences humaines et sociales élargit sans cesse le champ de la compréhension des rapports sociaux. enfin, le troisième axe est celui des représentations par l’attention – originale en histoire – portée à la scène lyrique de l’opéra à l’époque romantique. Embrassant l’espace euroméditerranéen et inscrits dans le temps long, les divers chapitres de l’ouvrage, en résonance avec ces thématiques, sont regroupés en trois axes: l’esprit des lumières et de la révolution; Créer, inventer, transgresser; Femmes dans la Cité.

1Genrevolution-1Jacques Guilhaumou, Karine, Lambert, Anne Montenach, Presses Universitaires de Provence, Collection : Penser le genre, 2015.

Mai 68, une révolution sexuelle ? Serait-ce seulement à partir des années 1970 que les garçons et les filles auraient eu librement accès au plaisir ? Certes, la contraception et le droit à l’avortement ont transformé notre rapport à la sexualité. Mais les différences et inégalités de genre restent très présentes.
Dans les années 1950 et 1960, à l’heure où les surprises-parties battent leur plein et où les magazines pour adolescents exhibent les corps des idoles, les garçons n’hésitent pas à multiplier les conquêtes. Et à s’en vanter : « J’aime les filles pour dormir ensemble une nuit ou deux. » Ou à raconter sans détours d’autres expériences : « J’aime qu’un homme m’embrasse sur la bouche »…

Archives inédites à l’appui, cet ouvrage donne la parole aux garçons des Trente Glorieuses, et révèle que, loin des tabous et des codes traditionnels, autant que d’une innocence fantasmée, ils avaient sur le sexe, l’amour et les filles des idées bien précises. Et des pratiques plus libres qu’on ne l’imagine.

amour genre histoireRégis Revenin, éditions Vendémiaire, 2015

http://editions-vendemiaire.com/catalogue/a-paraitre/une-histoire-des-garcons-et-des-filles-regis-revenin/

La Résistance se développe sur un terreau fortement imprégné par la différence des rôles sociaux entre les sexes. Si elle entraîne quelques femmes dans une vie d’homme, la plupart agissent au cœur du foyer, dans la continuité des rôles traditionnels. Quand bien même elles acceptent le sacrifice à l’égal des hommes, les résistantes ne sont pas des combattants de l’ombre comme les autres.

 

Parce que l’histoire de la Résistance a longtemps été écrite au masculin, sa version féminine demeure méconnue. Que signifie résister au féminin ? Quel sens les résistantes ont-elles donné à leur engagement ? Comment a-t-il été perçu par la société, en temps de guerre puis après la guerre ? Autrement dit, dans quelle mesure l’identité féminine a-t-elle influé sur les modalités comme sur les représentations de l’engagement ?

 

L’ouvrage propose de découvrir la résistance féminine en l’éclairant d’un double regard : celui de sa répression orchestrée par l’occupant et celui des reconnaissances mises en œuvre à la Libération. Menée à l’échelle d’un laboratoire privilégié – le Nord, rattaché au commandement militaire allemand de Bruxelles –, cette étude de la mobilisation féminine dépasse les frontières régionales. En montrant le rôle majeur joué par les femmes dans le tissage des liens entre Résistance et société, elle donne sens à la formule du colonel Rol-Tanguy : « Sans elles, la moitié de notre travail eût été impossible. »

genre résistanceCatherine Lacour-Astol, Presses de Sciences-Po, 2015

 

 

 

 

 

 

 

http://www.pressesdesciencespo.fr/en/livre/?GCOI=27246100988050

À la fermeture du jardin de la place des Vosges, les filles se répandent rue Saint-Antoine, rue de Rivoli, jusqu’à la tour Saint-Jacques. Déployées en tirailleuses, vous avez beau chercher à les éviter en changeant de trottoir, elles finissent par vous saisir au passage, c’est la véritable chasse à l’homme.
Gustave Macé

À la fin du XIXe siècle, Paris ne faillit pas à sa réputation de « Babylone moderne ». Si Parisiens, provinciaux et étrangers aiment tant flâner le long des boulevards, s’attarder à la terrasse des cafés, s’encanailler dans les bals et les cabarets, c’est qu’ils y sont en galante compagnie : dans le cabinet particulier d’un restaurant ou la luxueuse loge d’un théâtre, dans un hôtel garni ou dans une maison de rendez-vous, la nuit comme le jour, filles publiques anonymes, lorettes scandaleuses et célèbres courtisanes se vendent au plus offrant, sous l’œil attentif des agents des mœurs. Autant de lieux de prostitution, d’espaces de racolage et de rendez-vous galants qui façonnèrent la géographie de la ville et contribuèrent, pour longtemps, à consacrer Paris capitale de l’amour et des plaisirs.

http://editions-vendemiaire.com/catalogue/collection-chroniques/capitale-de-l-amour-lola-gonzalez-quijano/

couv-CapitaledelAmourLola Gonzales-Quijano, Vendémiaire, 2015.

Durant le dernier tiers du XXe siècle, de nombreuses femmes rejoignirent les rangs d’organisations politiques violentes comme la Fraction armée rouge allemande, les Brigades rouges italiennes ou Action directe en France. Certaines tuèrent. Les médias surpris de cette violence féminine les appelèrent « amazones de la terreur » et créèrent pour elles une nouvelle catégorie, celle de la « femme terroriste ». Dans ce livre pionnier, croisant les mutations du militantisme de l’après-68 et l’essor de la deuxième vague féministe, Fanny Bugnon propose une réflexion de fond sur le sujet encore tabou de la violence politique des femmes et une étude sur les mouvements révolutionnaires radicaux qui offre des résonances très actuelles, en particulier avec l’engagement des femmes dans les attentats sur tous les fronts.

amazones terreurFanny Bugnon, Payot (BH), 2015.

http://www.payot-rivages.net/livre_Les-Amazones-de-la-terreur-Fanny-BUGNON_ean13_9782228913140.html