Les « années 1968 » constituent, on le sait, une époque de contestation mondialisée. Mais les rôles de genre, les stéréotypes sexués, les clichés virilistes sont-ils eux aussi contestés ? Pour le savoir, ce livre se concentre

sur la question de l’engagement, acception plus large que le seul militantisme et plus circonscrite que le vaste champ du politique. Son ambition est de saisir l’influence du genre dans les multiples formes de positionnement et de conflictualité politique, dans les organisations syndicales comme les groupes et partis politiques, les mouvements associatifs et les collectifs militants, dans une période marquée par de nouvelles dynamiques féministes. Les scènes retenues, européennes certes, mais aussi africaines, latino-américaines et états- uniennes, se placent volontairement dans une perspective internationale et transnationale, parce que ces expériences politiques circulent, s’échangent, se modifient en se transmettant. Qu’il s’agisse de grèves ouvrières, de groupes d’auto-conscience, de créations artistiques, de mouvements d’émancipation et d’auto-détermination, on y voit les actrices et acteurs mobiliser des ressources qui leur permettent de transformer les rapports sociaux, de résister à l’ordre établi et in fine de rompre la spirale de la domination.

1507-1

 

 

 

 

 

Ludivine Bantigny, Fanny Bugnon et Fanny Gallot (dir.), PU Rennes, 2017

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4341

 

1685, année terrible, est à la fois marquée par l’adoption du Code Noir, qui établit les fondements juridiques de l’esclavage « à la française », et par la révocation de l’édit de Nantes, qui donne le signal d’une répression féroce contre les protestants. Prendre cette date pour point de départ d’une histoire de la France moderne et contemporaine, c’est vouloir décentrer le regard, choisir de s’intéresser aux vies de femmes et d’hommes « sans nom », aux minorités et aux subalternes, et pas seulement aux puissants et aux vainqueurs.
C’est cette histoire de la France « d’en bas », celle des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres, que retrace ce livre, l’histoire des multiples vécus d’hommes et de femmes, celle de leurs accommodements au quotidien et, parfois, ouvertes ou cachées, de leurs résistances à l’ordre établi et aux pouvoirs dominants, l’histoire de leurs luttes et de leurs rêves.
Pas plus que l’histoire de France ne remonte à « nos ancêtres les Gaulois », elle ne saurait se réduire à l’« Hexagone ». Les colonisés – des Antilles, de la Guyane et de La Réunion en passant par l’Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l’Indochine – prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s « à bras fermés », ont façonné ce pays.

9782355220883

Michelle Zancarini-Fournel, Paris, La Découverte, 2016

 

 

 

 

 

 

http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Les_luttes_et_les_r__ves-9782355220883.html

Ce livre est le résultat d’un travail colossal. Durant des mois, conservateurs et historiens ont exploré les Archives nationales avec pour objectif de rassembler pour la première fois les minutes de procès faits aux femmes. Des sorcières aux empoisonneuses, des communardes aux tondues de la Libération, ce sont les extraits les plus saisissants qui sont remis en scène.

Sur des procès verbaux d’interrogatoires ou des « auditions de bouche », face à des juges ou des témoins, ces paroles de femmes, par le truchement du document en fac-similé, résonnent à vif. Certaines sont émouvantes, comme celles de cette jeune femme analphabète accusée de sorcellerie et qui sera brûlée vive, d’autres, venant de Louise Michel ou Arletty, sont des morceaux de bravoure.

Mais d’un interrogatoire à l’autre, par la manière même dont il est mené, ce qui se dessine est plus frappant encore : la femme avant même d’être jugée, est « présumée coupable ».

http://www.editions-iconoclaste.fr/spip.php?article2321

1507-1Elisabeth Badinter, Fanny Bugnon, Pierre Fournié, Claude Gauvard, Michel Porret, Annick Tillier, Fabrice Virgili

Paris, L’Iconococlaste, 2016

 

Cette correspondance présente la relation que la romancière, Georges de Peyrebrune, a entretenue avec une dizaine de ses contemporaines, entre 1881 et 1917. Toutes étaient littératrices et, comme elle, étaient membres du jury du prix Vie heureuse et affiliées à la Société des gens de lettres.

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édition de Nelly Sanchez, Classiques Garnier, Correspondances et mémoires, 2016.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.classiques-garnier.com/editions

 

Le Front populaire est une « embellie » porteuse de congés payés, de mixité, de démocratisation des loisirs et de diminution du temps de travail. Les femmes y tiennent une place inédite, au sein du gouvernement, dans les grèves ouvrières, les occupations d’usines mais aussi sur la route des vacances et dans les auberges de jeunesse. Un vent de liberté semble souffler sur leur histoire.
Pour la première fois, Léon Blum nomme des femmes sous-secrétaires d’État, alors même qu’elles n’ont pas acquis les droits de vote et d’éligibilité. Ces droits, le Front populaire ne les leur accordera pas. Les conventions collectives comme les accords salariaux entérinent les inégalités entre hommes et femmes, favorisant seulement les droits liés à la maternité et à la famille. Malgré des promotions par l’enseignement ou le barreau et la suppression de l’incapacité juridique des épouses, la déception des féministes est grande.
Louis-Pascal Jacquemond dresse un panorama vivant des femmes de toutes conditions sous le Front populaire. Il montre un bilan immédiat mitigé mais aussi, et surtout, l’apparition d’une nouvelle génération dont l’engagement se prolongera, quelques années plus tard, dans la Résistance.

front pop

 

 

 

 

 

 

 

Louis-Pascal Jacquemond, Belin, 2016.

http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-l-espoir-brise-27848.php

 

 

En trois siècles et demi d’existence, l’Académie a beaucoup travaillé à masculiniser le français. Porte-bannière des partisans du «genre le plus noble», ce vestige de la monarchie absolue mène depuis le milieu des années 1980 une croisade contre la «féminisa­tion», en dépit des besoins langagiers d’une société où l’égalité des sexes progresse – en dépit, surtout, des logiques de la langue française et des évolutions à l’œuvre dans les autres pays francophones. Sans se soucier de remplir le rôle pour lequel l’entretiennent les contribuables, les Immortel·les en habit vert campent sur des positions purement idéologiques, en proférant des sentences qui se veulent paroles d’Évangile alors qu’elles vont à rebours des dynamiques du français. Les «Quarante», il est vrai, ne sont ni grammairiens, ni linguistes, ni philologues… et pas toujours écrivains.

L’Académie contre la langue française retrace cette guerre de trente ans, menée à coup de déclarations aussi péremptoires qu’infondées, réactionnaires et sexistes, face auxquel­les les protestations n’ont pas manqué. Il permet également de faire le point sur les objets de ces controverses, et de comprendre pourquoi la France a fini par entamer sa «révolution langagière» envers et contre les avis des Messieurs-Dames du Quai Conti.

http://www.editions-ixe.fr/content/lacademie-contre-la-langue-francaise

acad.1re-couv sous la direction d’Éliane Viennot, éditions iXe, 2016.

Ce livre retrace le dialogue de longue durée entre les extrêmes droites italiennes et françaises depuis le début des années 1960. De ces relations d’abord personnelles naissent de véritables réseaux qui bénéficient du soutien bienveillant des régimes dictatoriaux portugais et espagnol. Certains des membres de cette « communauté de combat » occidentale participent à la série d’attentats du terrorisme « noir » qui frappent l’Italie à partir de 1969.

Liaisons dangereuses-Picco-2

Liaisons dangereuses-Picco-2

Pauline Picco, PUR, 2016,

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4085

Poursuivant sa grande enquête au cœur de l’exception politique française, Éliane Viennot aborde ici, après L’invention de la loi salique (ve-xvie siècle) et Les résistances de la société (xviie-xviiie siècle), la période cruciale qui va de la Révolution à l’Empire. Par l’étude de nombreux documents d’époque, elle montre que les femmes de ce temps, habitées par des modèles d’héroïnes que l’Ancien Régime n’avait cessé de célébrer, se sont investies dans la «régénération de la patrie» avec un enthousiasme identique à celui des hommes, revendiquant haut et fort l’exercice des mêmes droits. Mais que les hommes au pouvoir, nourris de l’idéal rousseauiste de la « séparation des sphères » autant que d’Histoires de France vidées de toute référence aux femmes, n’ont eu de cesse de renforcer le «privilège masculin» – et cela quels que soient leurs désaccords.

Mettant fin à des pouvoirs féminins séculaires, réservant à leur profit la citoyenneté et les améliorations du système scolaire, confortant leurs positions en légiférant sur le divorce et l’héritage, travaillant à un Code civil garant des puissances paternelle et maritale, s’activant à faire taire les contestataires, ces hommes ont jeté les bases d’un ordre masculin qui, sous couvert d’égalité, de liberté et de modernité, perdurera jusqu’à la fin du  xxe siècle en essaimant dans une bonne partie du monde.

Pièce jointe Mail

 

 

 

 

 

 

 

Eliane Viennot, Perrin, 2016.

 

 

 

 

http://www.editions-perrin.fr/livre/et-la-modernite-fut-masculine-1789-1815-/9782262064310