À la période charnière de la crise révolutionnaire, l’ouvrage questionne le rôle politique des femmes dans un moment propice à la transgression des normes. La Révolution a été considérée par la majorité des historiennes du Gender comme le tournant critique des rapports entre la République et les femmes. Les fonds d’archives provençales et comtadines et l’historiographie locale sont revisités en fonction du rôle des femmes dans l’espace public en situation de crise. Les pratiques politiques féminines sont d’abord étudiées dans la conflictualité d’Ancien Régime utilisée comme moyen d’expression politique. Malgré le refus des droits politiques, la période révolutionnaire voit des femmes patriotes s’affirmer comme membres du Souverain, en militant dans des clubs féminins ou mixtes, participant aux journées révolutionnaires et aux politiques de Terreur. D’autres Provençales et Comtadines se mobilisent pour résister au monde nouveau qui se crée et sont victimes de leur engagement. À côté des femmes agissantes que révèlent les archives, les sources montrent l’importance du rôle des représentations – des furies de guillotine aux victimes de la Révolution mises en valeur par le camp conservateur. On constate l’influence de ces représentations sur l’évolution des options collectives et leur enracinement géographique, ainsi que sur la place des femmes dans le champ du politique jusqu’à nos jours.

Martine Lapied,

Collection Penser le Genre, aux Presses Universitaires de Provence, 2019

Cet ouvrage collectif présente les travaux originaux d’historiens de l’Antiquité qui ont souhaité contribuer à une meilleure connaissance de la place des femmes dans les provinces orientales hellénophones de l’Empire romain, qu’il s’agisse de prêtresses (des cultes civiques, panhelléniques ou impérial) ou de chrétiennes, d’épouses de notables (citoyens romains ou non) ou d’esclaves. Tous les types de documents ont été mis à contribution : textes littéraires, inscriptions, sources archéologiques.

 

De la princesse idéale à la « reine scélérate », de la traîtresse étrangère à la figure martyre, de l’héroïne adolescente à la mère bigote, de la femme de culture à l’icône de mode, l’image de la reine Marie-Antoinette, tour à tour adorée ou honnie, n’a cessé d’évoluer au cours des siècles.
En suivant le fil de l’exposition qui se tiendra à la Conciergerie du 16 octobre 2019 au 26 janvier 2020, cet ouvrage, à travers 14 essais et 16 notices, commentera les multiples représentations de la reine et montrera comment le rapport à Marie-Antoinette a souvent été passionnel, déterminant des cultes, des hommages, ou au contraire de violentes attaques.
Si la France de son temps l’a peu comprise – aux portraits de cour et images pieuses répondent les caricatures –, les imaginaires s’en sont emparé par la suite, jusqu’à en faire une héroïne de cinéma interprétée par les plus grandes actrices (de Sarah Bernhardt à Diane Kruger), le personnage culte d’un manga japonais (La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda) ou encore un produit de grande consommation.
La reine Marie-Antoinette connaît aujourd’hui un revival étonnant. Devenue une icône, un objet de pop culture, elle est la figure historique la plus internationalement commentée dans les livres ou les films, la plus dépeinte par les artistes contemporains ; elle incarne, tout simplement, une jeune femme de son/notre temps.
catalogue d’exposition dirigé par Antoine de Baecque, Editions du Patrimoine, 2019.

Cette première édition du feuilleton Le Père Brafort (publié par le Siècle de novembre 1872 à février 1873) nous fait découvrir un roman de mœurs politique, socialiste et féministe, l’un des rares textes littéraires traitant de deux insurrections largement oubliées : celles de juin 1832 et juin 1848. Écrit dans une période de frémissement révolutionnaire, publié avec la volonté de porter un message d’espoir malgré l’écrasement de la Commune, ce récit continue aujourd’hui d’interpeller les lecteurs sur bien des enjeux actuels, en les invitant à « voir les choses autrement qu’avec l’œil de l’habitude ».

Texte établi, annoté et commenté par Alice Primi et Jean-Pierre Bonnet, PU Rennes, 2019.

Sous la direction éditoriale d’Annette Lykknes (Norwegian University of Science and Technology, Norway) et de Brigitte Van Tiggelen (Science History Institute, USA)

Aux éditions World Scientific Publishing Co.

 August 2019.

Ce livre offre un point de vue original sur l’histoire du Tableau Périodique des Eléments ou Table de Mendeleïev dont on célèbre le 150ème anniversaire: un volume collectif comprenant de courts articles illustrés sur les femmes et leur contribution à la construction et à la compréhension du tableau périodique et des éléments eux-mêmes. Le Tableau Périodique a évolué depuis la classification introduite par Mendeleïev mais le principe reste le même : les actuels 118 éléments sont classés par ordre croissant de numéro atomique en fonction de leur configuration électronique, donc de leurs propriétés chimiques.

Peu de textes existants traitent des contributions des femmes au tableau périodique. Ce livre sur le travail des femmes chimistes rassemble 28 biographies qui démontrent le caractère multiforme des travaux sur les éléments chimiques et leurs relations périodiques. Les rédacteurs estiment que ces récits permettront une meilleure compréhension de la nature de la science, et du travail collaboratif qu’elles ont fourni (par opposition à la représentation traditionnelle du génie solitaire).

Autour d’Annette Lykknes et Brigitte Van Tiggelen, l’équipe des auteurs est internationale : Gisela Boeck, Donald Opitz, John Hudson, Claire Murray, Jessica Wade, Jeffrey Allan Johnson, Mary Mark Ockerbloom, Marelene Rayner-Canham, Maria Rentetzi, Geoffrey Rayner-Canham, Patrice Bret, Keiko Kawashima, Xavier Roqué, Ian D. Rae, Louis-Pascal  Jacquemond, Krister Nordlund, Matt Shindell, Ignacio Suay-Matallana, ….

En ce qui concerne la sélection des femmes, les chapitres incluent des contributions aux tableaux pré-périodiques ainsi que les découvertes récentes, les histoires inconnues ainsi que les plus célèbres. L’accent a été mis sur les travaux menés à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle qui reflètent une grande variété de contextes.

D’Emilie du Chatelet à Dorothea Wallich et Marie-Anne Lavoisier, d’Ellen Swallow Richards à Marie Curie, Ellen Gleditsch et Harriet Brooks, d’Ida Noddak à Lise Meitner, Marguerite Pérey et Clara Immerwahr, de Stephanie Horovitz à Margaret Todd, Irène Joliot-Curie et May Sybil Leslie, d’Isabella Karl à Chien Shiung Wu et Ida Freund, de Cecilia Payne à Berta Karlik, Reatha King, et Alice Hamilton, de Gertrud Woker à Julia Lermontova et Barbara Bowen, de Sonja Smith-Meyer Hoel à Toshiko Mayeda et Yvette  Cauchois, ce sont plusieurs générations de femmes scientifiques venues de tous les continents qui sont ainsi mises en lumière.

La table des matières complète de Women in their Elements: Selected Women’s Contributions to the Periodic System se trouve à l’adresse suivante : https://www.worldscientific.com/worldscibooks/10.1142/11442#t=toc

et la contribution concernant Irène Curie, le chapitre 28, par Louis-Pascal Jacquemond : https://doi.org/10.1142/9789811206290_0028.

La fête des Mères n’a pas été inventée par le maréchal Pétain selon l’idée reçue qui refleurit à chaque mois de mai. Cette fête a une source : le culte antique aux Déesses-Mères. Dans sa forme actuelle, la fête est la rencontre, au cours de la Première Guerre mondiale, entre la fête sentimentale de féministes américaines et la fête nataliste des populationnistes français. En imposant la préparation de la fête des Mamans à l’école, le maréchal Pétain en a fait un hymne à la Mère au foyer. Les IVe et Ve Républiques ont entériné cette pratique. La marchandisation a fait le reste.


Louis-Pascal JACQUEMOND, PU Rennes, 2019
http://pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4836

« La musique a-t-elle un genre ? » : la question soulève encore souvent indifférence polie, sinon hilarité, voire mépris. Et pourtant ! Comme la littérature et la peinture, la musique n’échappe pas aux catégorisations genrées et encore moins aux inégalités de genre qui relèguent dans l’ombre les femmes artistes.

Ce volume examine sur la longue durée ce phénomène d’invisibilisation des musiciennes à l’oeuvre tant dans l’historiographie que dans l’imaginaire social, tant dans les discours que dans les pratiques de création et les programmations.

Repérant les différentes voies de disqualification des talents féminins, les seize études réunies ici scrutent les indices de l’enfouissement des musiciennes dans les traités philosophiques et esthétiques, dans les manuels d’éducation, dans les témoignages du public, dans les récits de vie, comme dans les écrits savants et la critique musicale, y compris la plus récente.

Surgissent ainsi autant de jalons pour débusquer et mieux déconstruire les stéréotypes de genre dans les écrits sur la musique et les pratiques musicales d’hier et d’aujourd’hui.

http://www.editions-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100379850

Mélanie TRAVERSIER, Alban RAMAUT (dir.), Editions de La Sorbonne, 2019.

L’Europe n’a pas que des « pères fondateurs ». Dès l’entre-deux-guerres, des femmes militent aux côtés d’européistes convaincus. Animées par un ardent espoir pacifiste ou féministe, elles collaborent à ce qui a pu apparaître comme une utopie avant de se muer en une extraordinaire aventure.

Historien·ne·s, sociologues, politistes, juristes, germanistes, les auteur·e·s de cet ouvrage se sont demandé ce que l’Europe a fait pour les femmes et inversement. Quel rôle jouèrent les femmes dans la conception et la réalisation du projet européen ? Quelle fut leur place dans l’administration communautaire et au Parlement européen ? Avec quelles conséquences pour les institutions et pour les droits des femmes ? À partir d’un seul article du traité de Rome (article 119), quelles stratégies ont été mises en oeuvre pour faire de l’égalité des sexes une valeur commune et fondamentale sur laquelle construire l’Europe ? Le projet européen fut un moteur pour l’émancipation des femmes. Plus progressiste que la plupart des politiques nationales, la politique communautaire d’égalité hommes-femmes a souvent été l’aiguillon des procédures égalitaires dans les États membres. Inspiratrices ou « petites mains » indispensables, interprètes, fonctionnaires ou parlementaires européennes, des femmes ont contribué à faire de la question de l’égalité un levier majeur de l’Europe sociale. Cet ouvrage aborde ainsi de nombreuses perspectives novatrices. Il analyse les réussites mais aussi les échecs et s’interroge sur leurs causes.

http://www.editions-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100154540

Anne-Laure BRIATTE, Éliane GUBIN, Françoise THÉBAUD, Editions de la Sorbonne, 2019

Fort des acquis de l’historiographie sur le négoce des ports européens de la fin de l’époque médiévale au début de la période contemporaine, l’ambition de ce livre est de faire dialoguer l’histoire portuaire et maritime avec l’histoire des femmes et du genre. La période étudiée permet d’interroger l’ouverture des horizons commerciaux des Européens et l’essor du trafic colonial en rapport avec le rôle des femmes dans les places portuaires. Si, en France, le terme de « négoce » est utilisé dans les sources pratiquement dès le début de l’époque moderne, le mot « négociant » apparaît à la fin du xviie siècle pour désigner la frange supérieure des marchands. Il s’agit par conséquent de mettre en lumière l’accès de certaines femmes au titre de « négociante ».
L’ouvrage regroupe douze textes, portant sur des périodes et des espaces géographiques différents, répartis en deux grands axes. Le premier cherche à mettre en évidence la diversité du travail féminin dans les milieux portuaires européens sur la longue durée, de la marchande à la négociante. Le second s’intéresse aux structures commerciales (sociétés et maisons de commerce) et aux rôles des femmes dans les entreprises familiales, au regard du modèle économique des sociétés préindustrielles.
La finalité de ce livre est de montrer des femmes en capacité d’agir à partir de l’exemple des milieux portuaires, en faisant émerger des figures oubliées de « femmes fortes » qui participent à l’économie française et européenne de la fin du Moyen Âge au XIXe siècle.

 

Nicole Dufournaud et Bernard Michon, Peter Lang, 2018.

 

« La France sera virile ou morte », a-t-on dit en 1944. « Virile », elle le fut, et les tontes des femmes accusées de collaboration en témoignent… Sur cet épisode de notre histoire qui, aujourd’hui encore, continue de susciter un malaise, on croyait tout savoir : ayant couché avec l’ennemi, des femmes avaient été violemment punies, dans un très court laps de temps, par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure. Ce livre, qui s’est imposé d’emblée comme un classique, montre que la moitié seulement de ces femmes avaient eu des relations sexuelles avec les Allemands ; que les tontes n’eurent rien d’éphémère ; et que 20000 personnes environ furent touchées, de tous âges et de toutes professions, dans la France entière. Que s’est-il donc réellement passé ? Pourquoi des femmes ? Et quel sens donner à cet événement ?

Fabrice Virgili, Payot, « Petite bibliothèque », 2019.