Paraguay

Guerre et métissage au Paraguay, 2001-1767, Capucine Boidin, Rennes, PUR, 2011.

Le Paraguay a une longue histoire, marquée par la guerre contre la Triple Alliance (1864-1870). La mémoire de cette année zéro hante encore aujourd’hui ses habitants qui, locuteurs du guarani, ne sont cependant pas Indiens. Partant d’une ethnographie d’une ancienne réduction jésuite, Capucine Boidin donne à comprendre le rapport des habitants à leur langue, à leurs terres, à leurs ancêtres et à la guerre. Grâce à une plongée dans les archives jusqu’en 1767, elle reconstitue le passé qui fut balayé par la grande rupture de 1870. Se saisissant des notions de métissage, de mémoire, de tactique et d’interstices, cet essai rencontre les travaux de langue anglaise développés sous l’appellation d’études subalternes. Avec une préface de Carmen Bernand.

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À l’aube des Lumières, il semblerait que le diable se soit retiré du monde. S’il l’a fait, ce n’est pas sans laisser de traces ! Maître du faux, il a légué aux hommes ses talents de séduction et de tromperie. Tandis que les sorciers deviennent faux, leur commerce de magies prospère. La police de Paris, telle qu’elle se met en place depuis la fin du XVIIe siècle, se lance à la poursuite d’hommes et de femmes qui – contre argent comptant – promettent aux Parisiens la fortune… Leur action repose sur le secret, à la fois pierre d’achoppement et catalyseur des mutations sociales, politiques et épistémologiques que connaît le XVIIIe siècle. Depuis l’édit royal de 1682, qui clôt l’affaire des poisons, magie et sorcellerie se trouvent réduites à un simple prétexte camouflant des desseins autrement plus redoutables ; un siècle plus tard, la législation révolutionnaire déclare le prétexte imaginaire, et qualifie ceux qui s’en servent d’escrocs. Réalité et imagination ne désignent plus la même chose et cette mutation affecte la légitimité même des croyances. En interrogeant un phénomène prétendument obsolète, ce livre éclaire autant les nouvelles pratiques policières dans le Paris du XVIIIe siècle que l’épaisseur des sociabilités urbaines ordinaires. Il invite surtout à réfléchir à la signification du croire dans une société en quête de nouvelles certitudes.

http://www.editions.ehess.fr/ouvrages/ouvrage/les-secrets-des-faux-sorciers/

Secrets-Krampl Les secrets des faux sorciers. Police, magie et escroquerie à Paris au XVIIIe siècle, Ulrike Krampl, Paris, éditions de l’EHESS, 2011.

 

Ce livre pionnier éclaire la place et le sens des viols en temps de guerre. Parce que les victimes étaient majoritairement des civils et des femmes, les viols furent longtemps relégués au second plan, à la marge du champ de bataille. Ils étaient pensés entre butin et repos du guerrier, sans effet sur le cours de la guerre, marquant l’assouvissement de la pulsion sexuelle masculine. Vingt auteurs se penchent ici sur les différents conflits du XXe siècle, des guerres mondiales aux guerres civiles, de la Colombie à la Tchétchénie. Pour la première fois, ils tracent l’histoire de cette violence, en soulignent la complexité et l’ampleur, présentent la diversité des situations, le poids des imaginaires, les conséquences sociales et politiques, mais aussi intimes et émotionnelles. Avec les contributions de Raphaëlle Branche, Isabelle Delpla, Anne Godfroid, John Horne, Adediran Daniel Ikuomola, Maud Joly, Pieter Lagrou, Nayanika Mookherjee, Regina Mülhaüser, Mariana G. Muravyeva, Norman M. Naimark, Tal Nitsan, Daniel Palmieri, Nadine Puechguirbal, Amandine Regamey, Antoine Rivière, Alexandre Soucaille, Katherine Stefatos, Natalia Suarez Bonilla, Fabrice Virgili.

http://www.payot-rivages.net/livre_Viols-en-temps-de-guerre-Fabrice-Virgili_ean13_9782228907033.html

Viols-Branche Viols en temps de guerre, sous la direction de Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili,Paris, Payot, 2011.

 

 

Intarissable d’éloges sur les bienfaits d’une éducation des filles bien tempérée, la société raisonneuse des Lumières renâcle à passer aux actes. Paris au XVIIIe siècle est pourvu en écoles propres à satisfaire les aspirations des familles selon leurs moyens, mais ne brillant guère par leurs audaces. Déchiffrer l’abécédaire, apprendre son catéchisme, broder, dessiner, danser ou chanter, tout cela ne compose pour les jeunes filles qu’un piètre bagage, comparé à la culture reçue au collège par leurs frères. En se gardant bien de cultiver des femmes savantes, l’enseignement des filles les confine dans les destins traditionnels, domestiques et religieux assignés à leur sexe. Lieu d’acquisition de savoirs, l’école est aussi un lieu de vie et de travail, reflet des enjeux et des conflits de la vie religieuse, culturelle, économique et sociale du temps. Un bon observatoire pour déceler, archives à l’appui, quelques ombres aux Lumières.

http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=1449

Education-Sonnet L’éducation des filles au temps des Lumières, Martine Sonnet, Paris, CNRS Ed/Ed. du Cerf, 2011.

 

Les meilleurs spécialistes de la période montrent que le genre comme méthode d’analyse donne un nouveau souffle à la réflexion historienne. Ils proposent une analyse inédite des sources classiques et une synthèse unique des travaux les plus récents sur la question essentielle du genre et de la sexualité.  Cet outil de travail exceptionnel est un voyage dans le monde gréco-romain à travers cinquante textes commentés en posant un regard différent sur les grandes figures de l’Antiquité gréco-romaine, et plus généralement sur les hommes et les femmes du temps.

http://www.armand-colin.com/livre/378102/hommes-et-femmes-dans-l-antiquite-grecque-et-romaine.php

 H_F_Antiquite Hommes et femmes dans l’Antiquité grecque et romaines; Le genre : méthode et documents, sous la direction de Sandra Boehringer et Violaine Sebillotte Cuchet, Paris, Armand Colin (coll. Cursus), 2011.

 

Peut-on évoquer la vie quotidienne des femmes dans la Grande Guerre alors qu’au fur et à mesure des recherches, apparaissent des figures et des « vies quotidiennes » si différentes selon les lieux de résidence, les actions et rôles de chacune, le poids de leur destin, de celui de leurs maris, compagnons ou fils ? Pour entrer dans la vie de ces femmes, dans leur coeur et appréhender les souffrances de leurs corps et de leurs esprits, les approches sont difficiles. Il existe en effet peu de correspondances ou de carnets, de souvenirs écrits ou oraux, il faut donc avoir recours le plus souvent à des études d’historiens, journaux d’époque, romans et films qui permettent de décrire la vie de ces femmes dans l’attente du retour du soldat. En raison de l’amour qu’elles portent à ce dernier, elles acceptent des rôles indispensables à une société en guerre, aussi bien infirmières qu’espionnes, et se lancent dans des métiers inconnus et pénibles. La reconnaissance ne sera pas au bout du chemin comme la Victoire et les discours pouvaient le leur laisser espérer

http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-les-femmes-dans-la-grande-guerre-17071.php?lst_ref=1

GrandeGuerre-Antier Les Femmes dans la Grande Guerre, Chantal Antier,Editions 14-18 Soteca, Collection Vivre dans la guerre, 2011.

 

Paris, 1911. Paul Grappe et Louise Landy s’aiment et se marient. Sur-vient la guerre. Paul déserte, se travestit en femme pour ne pas être arrêté et, pendant dix ans, aux yeux de tous, vit avec Louise sous l’identité de Suzanne Landgard. Il entraîne son épouse dans de multiples jeux sexuels et acquiert même une petite notoriété en étant l’une des premières « femmes » à sauter en parachute. En 1925, avec l’amnistie, Suzanne rede-vient Paul. Pour le couple, les choses commencent alors à se gâter… À partir d’archives étonnantes (photos, lettres, journaux intimes, documents judiciaires), Fabrice Virgili et Danièle Voldman racontent la très curieuse – et tragique – histoire de Paul et Louise, une histoire qui brasse les ques-tions des traumatismes de guerre, du travestissement, de l’homosexualité, des « troubles dans le genre », de la virilité, des violences conjugales et de la complexité des sentiments amoureux.

Fabrice Virgili, historien, chargé de recherche au CNRS, est l’auteur de plusieurs livres, dont La France « virile » : des femmes tondues à la Libération. Danièle Voldman, historienne, directrice de recherche au CNRS, est notamment l’auteure (avec Luc Capdevila) de Nos morts : les sociétés occidentales face aux tués de la guerre.

http://www.payot-rivages.net/livre_La-garconne-et-l-assassin–Fabrice-Virgili_ean13_9782228906500.html

Garconne_Assassin_couv La garçonne et l’assassin : Histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des années folles, Fabrice Virgili et Danièle Voldman, Paris, Payot, 2011.