Dans son usage actuel (car le mot existe à l’époque moderne), terme et concept d’origine anglo-américaine(gender), utilisés d’abord par les sciences médicales, la psychologie et la sociologie, promus par l’histoire des femmes depuis le milieu des années 1980.
La traduction française «genre» n’est utilisée que depuis peu, historiens et historiennes concernés par le concept ayant longtemps préféré les expressions moins abstraites de différence des sexes, rapports sociaux de sexe, relations entre les hommes et les femmes, masculin-féminin. De fait, les acceptions et usages du terme sont divers et objet de débats, interpellant à la fois I’Histoire des femmes et l’histoire générale.
Inscrit dans un partage entre nature et culture et dans une perspective constructiviste, le genre dit d’abord que la condition et l’identité des femmes ne se comprend que dans la relation aux hommes et qu’elles sont le résultat d’une construction sociale et culturelle dans un contexte donné : «LA femme» n’existe pas et la tache de l’histoire est de comprendre l’évolution des systèmes de genre(gender system), ensembles de rôles sociaux sexués et systèmes de représentation définissant le masculin et le féminin. Le genre implique aussi qu’il n’y a pas de sexe que féminin ; il rend visibles les hommes comme individus sexués et promeut une histoire des masculinités, d’ou l’expression parfois utilisée d’histoire des genres. Confronté à d’autres catégories d’analyse comme la classe sociale, il invite enfin à réfléchir aux différences entres femmes. Concernant tout autant l’histoire générale, le genre propose une relecture sexuée des événements et phénomènes historiques qui contribue à leur explication.
Par ailleurs, s’interroger sur « Le genre de…. » (la nation, la citoyenneté, la protection sociale, du travail…) ne concerne pas seulement la place respective des hommes et des femmes : une approche parfois qualifiée de poststructuraliste déplace l’accent des parties (les hommes et les femmes) vers le principe de partition, conduit à l’analyse des enjeux de signification de la division entre masculin et féminin et permet de mieux comprendre la construction des rapports sociaux hiérarchiques. Restent les questions, encore peu travaillées en France, de l’indépendance du genre par rapport au sexe (travestissement, homosexualités, pratiques transgenre) et de l’histoire de la dissociation entre sexe et genre.
Françoise Thébaud, Les mots de l’Histoire des femmes , Clio HFS, PUM, 2004.
(Avec l’aimable autorisation de l’auteure)
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