Enseigner la place des femmes dans les sciences à travers les programmes du collège et du lycée

Les travaux de recherche historique de la fin du XXème siècle et du début du XXIème mettent en lumière le travail de femmes scientifiques dans de très nombreuses disciplines, et pour toutes les époques depuis l’Antiquité. Mais le préjugé selon lequel les femmes sont inaptes aux sciences semble tenace. Aussi des figures féminines doivent-elles être sollicitées pour aborder l’histoire des sciences, par exemple dans le programme de seconde, « l’essor d’un nouvel esprit scientifique et technique ». Le cas d’Émilie du Chatelet, mais pas seulement elle, peut donc constituer un véritable sujet d’étude. Si l’on veut que des écolières, des collégiennes et des lycéennes se déterminent pour une orientation scientifique, il est nécessaire de ne plus associer exclusivement sciences et masculinité et indispensable d’évoquer des figures de femmes comme personnalités marquantes de l’histoire des sciences.

Parallèlement les programmes d’enseignement ont mis en exergue la portée pluridisciplinaire de l’éducation à l’égalité filles/garçons, femmes/hommes. Il ne peut s’agir d’aborder cette problématique par des leçons de morale ni de heurter des valeurs familiales. La passage par l’histoire des différentes sciences pourrait permettre de rendre compte de la place respective des hommes et des femmes et de leur contribution aux évolutions scientifiques et techniques.

Comment stimuler l’émulation, l’ambition, le désir de recherche, si les filles ne peuvent pas se reconnaître dans des images positives de femmes scientifiques ? A quoi serviraient les bourses et les prix récompensant les chercheuses si les jeunes filles pensent que la place des femmes n’est pas dans les sciences dures ? De quelle manière les filles se reconnaîtraient-elles aussi compétentes que les garçons si des exemples n’étaient pas mis en valeur ?

Pour le lycée, l’objectif est d’aider les professeurs à s’appuyer sur des cas de femmes dans les chapitres d’histoire des sciences grâce au thème de la classe de seconde: « L’essor d’un nouvel esprit scientifique et technique du XVIème au XVIIIème siècle ». Il s’agit de faire connaitre ou mieux connaître l’existence de nombreuses femmes scientifiques et la spécificité de leur parcours et de leur travail, entre le début du XVIème siècle et le début du XIXème siècle pour rester dans le cadre chronologique fixé par le programme et dans l’esprit du chapitre. Il s’agit aussi d’enrichir les connaissances sur les personnalités déjà identifiées, comme Emilie du Chatelet ou Marie-Anne Lavoisier, et de les comparer à d’autres scientifiques moins connues d’autres pays européens, et à celles des hommes de leur temps.

On pourra également s’interroger sur la formation intellectuelle donnée aux jeunes filles et sur l’originalité et la détermination de nombre de ces savantes pour qui l’accès aux sciences, avant même le problème de la reconnaissance, a été très difficile, ce qui explique souvent leur choix de travailler en binôme avec un homme, père, mari ou frère.

Enfin, on peut aussi poser la question de leurs publications, de l’enseignement, des échanges avec les autres scientifiques, bref, de la participation des femmes à la « République des Sciences » et de la reconnaissance de leurs travaux.

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Pour le collège, au sujet de cette même période – de la fin du Moyen-Age à la Révolution française – quelques personnalités émergent (en 4e, L’Europe des Lumières et le développement de l’esprit scientifique) et pour la période la plus contemporaine (fin du cycle 4), toutes les disciplines concourent à mieux faire comprendre le monde d’aujourd’hui (le monde depuis 1945 en Histoire, l’organisation de l’Univers dans les sciences comme la Physique et la Chimie et la place et les droits des hommes et des femmes dans nos sociétés démocratiques en Education morale et civique).

Des pistes pédagogiques seront proposées en s’appuyant sur le travail interdisciplinaire en EPI, entre histoire et sciences physiques par exemple. En lien avec le programme de 5e, et pour partie sur le début du programme de 4ème il s’agit de faire prendre en compte le rôle des femmes dans les découvertes scientifiques, et plus particulièrement en astronomie pour la période de la Renaissance et le XVIIème siècle. Il s’agit, pour les élèves, de concevoir un jeu de plateau (jeu de l’oie) où les cases seront illustrées par différentes découvertes, différents savants et savantes. Pour donner plus de poids aux femmes, le jeu réalisé devra avoir pour règle que seules les cases des femmes scientifiques ou de leurs actions feront avancer, tandis que les cases des échecs (ou des erreurs supposées comme telles à la Renaissance) ralentiront la progression des joueurs/joueuses. Quelques exemples parmi ceux qui seront à expliciter et à choisir: Margaret More-Roper fille de l’anglais Thomas More, la princesse Caroline d’Ansbach épouse de Georges II et correspondante de Leibnitz puis Newton, ou Elisabeth de Bohême qui discute avec Descartes, mais aussi Margaret Cavendish, Maria Winkelmann (épouse de l’astronome allemand Gottfried Kirch), Maria Emmart ou Nicole-Reine Lepaute sans compter les « faiseuses d’instruments » comme Madame Philippe-Claude Lebas pour l’Observatoire de Paris.

Pour le collège, il s’agit de montrer en quoi une discipline comme la Physique-Chimie est liée à d’autres parce qu’elle en partage les objectifs et les démarches. Ainsi la discipline des Sciences Physiques a vocation à mieux faire appréhender la contribution des femmes autour d’un sujet comme « Des femmes dans l’espace » et l’importance du contexte international de référence. L’expérience actuelle d’un Thomas Pesquet dans la station internationale ou le film américain sur « Les femmes de l’ombre » ont renouvelé et renforcé l’intérêt pour l’actualité à ce thème. Cette ressource audiovisuelle de l’INA « des femmes dans l’espace » permet donc à la fois de décrire l’organisation de la matière dans l’Univers, mouvements et interactions, et d’étudier l’importance des techniques et des méthodes, des observatoires aux satellites et aux sondes spatiales dont des femmes, scientifiques ou techniciennes, sont parties prenantes. Les sources étant nombreuses, en particulier audio-visuelles (avec la base Jalons de l’INA), celles qui touchent à l’information et à la vulgarisation de ces phénomènes seront être privilégiées.

http://www.fondation-lamap.org/fr/page/36839/males-et-femelles-quen-dit-la-science

 

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