Episode

La Querelle des femmes

 

Aujourd’hui, en compagnie d’Eliane Viennot, nous nous intéressons à cette longue polémique de l’histoire intellectuelle et culturelle de la France et de l’Europe, que l’on nomme « la Querelle des femmes ». Notre invitée nous explique en quoi cette querelle est représentative des préjugés envers les femmes et des entraves à leur présence dans le champ littéraire, philosophique, scientifique et politique depuis le XVe siècle.

Eliane Viennot est un personnage plutôt connu dans l’espace public français, puisqu’elle se bat depuis des années en faveur de la langue inclusive (Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, 2014) et son combat est assez médiatisé. Mais elle est également professeure émérite de littérature de la Renaissance et spécialiste des relations de pouvoir entre les sexes. Son ouvrage, la Querelle des femmes ou n’en parlons plus , sorti en 2019 et son site internet (elianneviennot.fr) retracent dans les détails les élements essentiels de cette polémique que nous allons décortiquer dans cet épisode.

Bibliographie :

  • DUBOIS-NAYT Armel, DUFOURNAUD Nicole, PAUPERT Anne (dir.), Revisiter la « Querelle des femmes ». Discours sur l’égalité́/inégalitéś des sexes, de 1400 à 1600, Saint-Etienne, Publications de l’université́ de Saint-Étienne
    (coll. « École du genre »), 2013, vol. 3/4.
  • DUBOIS-NAYT Armel, HENNEAU Marie-Élisabeth, Von KULESSA Rotraud (dir.), Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l’égalité́/inégalitéś des sexes en Europe, de 1400 aux lendemains de la Révolution, Saint-Étienne, Publications de l’université́ de Saint-Étienne (coll. « École du genre »), 2015, vol. 4/4.
  • DUFOURNAUD Nicole, La querelle des dames à la Renaissance, EHNE
  • HAASE-DUBOSC Danielle, « Intellectuelles, femmes d’esprit et femmes savantes au XVIIe siècle », dans Femmes, genre, histoire, n°13, avril 2001, pp. 43-67.
  • MARSAY Julien, La revanche des autrices. Enquête sur l’invisibilisation des femmes en littérature, ed. Payot.
  • TICRIZENIS Daphné, Autrices, ces grandes effacées qui ont fait la littérature, Tome 1, du Moyen Âge au XVIIe siècle, ed. hors d’atteinte
  • VIENNOT Éliane, La Querelle des femmes ou n’en parlons plus, Ixelle éditions, 2019, 124 p.
  • VIENNOT Éliane, Revisiter la « Querelle des femmes ». Discours sur l’égalité-inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution, avec la collaboration de PELLEGRIN Nicole, Saint-Etienne, Publication de l’Université de Saint-Etienne, 2012, 204 p.
  • VIENNOT Éliane, Ce que l’imprimerie changea pour les femmes , Revue de la Bnf, 2011/3 (n° 39), pages 14 à 21
  • VIENNOT Éliane, La France, les femmes et le pouvoir. L’invention de la loi salique (Ve-XVIe siècle), Paris, Perrin, 2006.
  • VIENNOT Éliane, « Une intellectuelle, auteure et mécène parmi d’autres : Marguerite de Valois (1553 – 1615) », dans Femmes, genre, histoire, n°13, avril 2001, pp. 125-134.
  • ZIMMERMANN Margaret, «Querelle des Femmes, querelles du livre » in de COURCELLES  Dominique et VAL JULIÁN Carmen (dir.), Des femmes et des livres, Publications de l’École nationale des chartes, | p. 79-94 .

Sitographie :

Textes et crédits :

  • Texte 1 : Christine de Pisan, La Cité des Dames, Stock « Moyen Âge », 1986, 1ère édition : 1405

« Si l’on voulait prétendre que les femmes ne sont pas assez intelligentes pour apprendre le droit, l’expérience prouve le contraire. On a vu de nombreuses femmes – et l’on en trouve encore de nos jours – qui furent de très grandes philosophes et qui purent maîtriser des disciplines aussi difficiles et nobles que le droit. D’autre part, si l’on voulait affirmer que les femmes ne sont pas faites pour la politique et le pouvoir, je pourrais te citer l’exemple de beaucoup de femmes qui ont déjà régné. Et afin que tu comprennes mieux, je te rappellerai encore quelques-unes de tes contemporaines qui, restées veuves, ont si bien dirigé leurs affaires après la mort de leur mari qu’elles fournissent la preuve irréfutable qu’aucune tâche est trop lourde pour une femme intelligente. »

  • Texte 2 : Les oeuvres de Mesdames de Roches, vol. 2, 1579,

« L’Envie, voyant une femme faire la sépulture de Phocion, empoisonné par ses concitoyens, entre en fureur et décide de se venger en transformant les hommes en tyrans domestiques et en interdisant aux femmes le livre et le savoir. Mais Agnodice fera échouer son plan.

(…)

Ah! je me vengerai (ce dit-elle) tu veux défendre

Phocion, dont je hais encor la morte cendre,

Sache qu’en peu de temps je te ferai sentir

De ton hâtif secours un tardif repentir:

Car en dépit de toi je t’animerai les âmes

Des maris, qui seront les tyrans de leurs femmes,

Et qui leur défendant le livre et le savoir,

Leur ôteront aussi de vivre le pouvoir.

Les voulant secourir couvrit sa double pomme »

  • Texte 3 : François Poulain de la Barre, De l’égalité des deux sexes, 1673.

« Il serait aisé de conclure que si les femmes sont capables de posséder souverainement toute l’authorité publique, elles le sont encore plus de n’en estre que les Ministres: comme d’estre Vice-Reines, Gouvernantes, Secrétaires, Conseillères d’Etat, Intendantes des Finances. Elles peuvent être Généralles d’Armée


Générique : Warm Sunset par Romarecord1973, disponible sur Pixabay

Un podcast produit par l’Association Mnémosyne avec Cécile Béghin.
Noémie Gmür et Clémentine Letellier à la technique.
Clémentine Letellier à la lecture des textes.