Genre et modernité au Japon : La revue Seitô et la femme nouvelle
La revue Seitô (traduction de l’anglais Bluestockings) parut de septembre 1911 à février 1916 : elle fut la première revue littéraire créée uniquement par les femmes, pour les femmes. Sous l’impulsion de Hiratsuka Raichô (1886-1971), puis d’Itô Noe (1893-1923), elle devint l’emblème des femmes nouvelles, rebelles à l’injonction de devenir de « bonnes épouses et mères avisées (ryôsai kenbo) ». Très vite, le mensuel et l’association furent désignés comme le nid des « Nora japonaises », et ses membres devinrent la cible des attaques contre les femmes nouvelles. Le magazine fut le centre d’aventures intellectuelles et artistiques, de débats où se nouèrent de nouvelles relations amicales entre les femmes, amours homosexuelles et histoires tumultueuses de femmes qui fuguèrent de leur province pour trouver refuge dans l’association. Parmi les milliers de pages de publication de cette revue littéraire, ce livre fait vivre ces temps de polémiques, qui nous saisissent tant par la fraîcheur de leur ton que par l’actualité de leurs propos. Le droit à l’amour libre, la contraception, l’avortement, la virginité, et la polémique autour de la prostitution font écho à nos propres interrogations.