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La table  ronde Guerres, femmes et genre : la guerre a-t-elle un sexe ? a été un grand succès, la superbe salle du Conseil Général était bondée ce vendredi. Animée par Louis-Pascal JACQUEMOND (inspecteur d’académie honoraire, inspecteur pédagogique régional) les quatre intervenant-e-s ont répondu pour chaque période à la question de la pertinence des stéréotypes qui font des femmes des victimes et des hommes les principaux acteurs de la guerre, puis sur la pérennité des bouleversements provoqués par la guerre une fois celle-ci terminée. Puis ce fut au tour du public de poser de nombreuses questions.

Vous pouvez écouter  l’intégralité des interventions de cette table ronde co-organisée par le Conseil scientifique des Rendez-vous de l’histoire et notre association.

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avec

Aurélie DAMET, maîtresse de conférences à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, histoire grecque.

Claude GAUVARD, historienne, professeure émérite à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, histoire médiévale.

Véronique GARRIGUES, docteure en histoire à l’université de Toulouse II, histoire moderne.

Fabrice VIRGILI, directeur de recherche au CNRS, histoire contemporaine

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Plusieurs chapitres  et dossiers de La Place des femmes dans l’histoire Une histoire mixte portent sur le sujet :

p.20 : Dossiers Masculin et féminin dans l’épopée homérique

un document parmi d’autres : « Réactions des hommes et des femmes à l’annonce de la mort de Patrocle »

p.102 : Dossier, Jeanne d’Arc, histoire et mythes

p.165 : Dossier, La place des femmes dans l’imaginaire politique

un document parmi d’autres : Les femmes et la paix civile : l’exemple de l’enlèvement des Sabines.

p.265 : Chapitre 24, La Grande Guerre

p.311 : Chapitre 28, La Seconde Guerre mondiale

p.321 : Chapitre 29, La France des années noires

p.363 : Dossier, Les Femmes dans la guerre d’Algérie

p. 378 Dossier, Le Viol comme tactique de guerre

 

pour mieux connaitre les intervenants de la table ronde :

Louis-Pascal Jacquemond

 

Aurélie Damet 

Véronique Garrigues

Claude Gauvard

Fabrice Virgili

 

 

 

 

La table ronde Genre et sociétés rurales : visibilité et invisibilité des paysannes dans l’histoire sera bientôt en ligne sur le site.

Avec Fabrice Boudjaaba, Ronald Hubscher, Louis-Pascal Jacquemond, Didier Lett, Violaine Sebillotte Cuchet.

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Carte blanche à l’Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre – Mnémosyne.

L’enregistrement de la table ronde : Le voile des femmes : notre Orient en question est en ligne. Avec la participation de Jocelyne Dakhlia, Frédéric Lagrange, Sophie Lalanne, Siobhan Mc Ilvanney, Florence Rochefort, Christelle Taraud

 

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Le voile des femmes est associé à l’Islam dans la France contemporaine. Sans revenir sur de récents débats, l’association Mnémosyne, qui promeut le développement de l’histoire des femmes et du genre, propose de rassembler des spécialistes des différentes périodes historiques pour examiner comment s’est élaborée, en France, une vision spécifique de la femme voilée. De la dissimulation des femmes barbares chez Hérodote au voile des belles Orientales du Maghreb colonial, en passant par le voile chrétien recommandé par Saint Paul et qui s’impose très progressivement dans les sociétés urbaines du Moyen-Orient à partir du VIIIe siècle, cette pièce de vêtement cristallise un rapport homme-femme toujours problématique dans la France laïque et républicaine.

INTERVENANTS : JOCELYNE DAKHLIA, directrice d’études à l’EHESS, FRÉDÉRIC LAGRANGE, maître de conférences à l’université de Paris IV, SOPHIE LALANNE, maître de conférences à l’université Paris I, SIOBHAN MC ILVANNEY, Senior Lecturer au King’s College de Londres, FLORENCE ROCHEFORT, chargée de recherche au CNRS, CHRISTELLE TARAUD, professeure à l’université de New York et à l’université de Columbia de Paris.

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Devant le stand de Mnémosyne : Fréderic Lagrange, Siobhan Mc Ilvanney, Dominique Picco, Pascale Barthelemy, Irène Jamy, Florence Rochefort et Sophie Lalanne

 

Devant le stand de Mnémosyne

 

par Jean-François Dortier
SciencesHumaines-n°221_dec-2010
Mensuel N° 221 – décembre 2010
Imaginer, créer, innover…Le travail de l’imagination – 5€50

Aux Entretiens de l’histoire de Blois, les historiens racontent volontiers pourquoi ils se passionnent 
pour des sujets minuscules, mais qui révèlent 
des phénomènes bien plus vastes de notre passé.

Tous les ans à Blois ont lieu les Entretiens de l’histoire. Durant quatre jours, tout ce que la petite ville compte d’amphithéâtres, de salles de conférence et même de cafés est occupé par des rencontres, tables rondes et débats. Pour sa XIIIe édition, le thème fédérateur était « Faire Justice » et les sujets de débat ne manquaient pas : de la justice médiévale aux actuels tribunaux internationaux, des crimes de l’Antiquité au procès d’Outreau, etc., plusieurs centaines de rencontres sont offertes à un public toujours au rendez-vous, le succès ne se démentant pas d’une année à l’autre.

Une autre occasion exceptionnelle est offerte à Blois : aller rencontrer directement les auteurs, qui pendant une heure ou deux sur leur stand, se plient volontiers au rituel de la signature. Pour les voir, il faut se rendre dans la grande librairie ouverte où des dizaines d’éditeurs regroupés dans la halle aux grains et sous un chapiteau voisin tiennent leur stand (Sciences Humaines y a le sien). Nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns de ces auteurs.

(…)

La femme écouillée

Reprenons notre déambulation. Quelques allées plus loin, au hasard, mon regard tombe sur un panneau « Mnémosyne » (Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre). Trois historiens sont là pour présenter un livre d’exception, La Place des femmes dans l’histoire. Une histoire mixte (Belin), qui vient tout juste de sortir de l’imprimerie. Un livre qui a la facture d’un manuel, qui respecte les découpages d’histoire scolaire, propose des textes de synthèse, des documents…, mais dont l’optique est celle de relire l’histoire en prenant en compte la place des femmes, « un autre récit qui sort les femmes de l’ombre », écrit le dépliant. J’engage le dialogue avec les auteurs présents.

C’est l’occasion de poser une question récurrente à propos des « maîtresses femmes ». Pas seulement des femmes de pouvoir (reines, impératrices ou courtisanes), mais des femmes du peuple qui, malgré la domination masculine, le joug de la loi, de l’éducation, de la coutume…, réussissent tout de même à s’imposer dans la sphère domestique comme de véritables tyrans, soumettent leur mari et dirigent le foyer d’une poigne de fer. En a-t-il existé à toutes les époques de l’histoire ? L’historien pourrait-il en trouver la trace ?

C’est Didier Lett, l’un des auteurs, rédacteur du chapitre sur le Moyen Âge, qui me répond. «  Dans les fabliaux du Moyen Âge, on trouve des récits de “femmes écouillées”. L’une de ces fables raconte comment un homme a réussi à mater sa belle-mère, une matrone intraitable. Il a organisé un simulacre d’opération où on lui a extrait des couilles de taureau qu’elle avait dans les fesses. La femme ainsi “écouillée” est redevenue docile et les choses pouvaient alors rentrer dans l’ordre. L’ordre masculin, s’entend. C’est une fable évidemment racontée du point de vue des hommes. Mais elle indique bien que le profil des “maîtresses femmes” était connu à l’époque. »

Chaque stand est ainsi l’occasion d’entrer dans une nouvelle histoire. Chaque couverture de livre est une tentation, une porte qui ouvre vers un bout de monde disparu. Ici, on peut se replonger dans l’univers des Mayas, là ce sont les pirates et flibustiers, ici le procès Eichmann… Chaque historien a reconstitué un petit morceau de cette longue histoire des hommes (et des femmes). Et sur chaque table de chaque stand, des dizaines et des dizaines de couvertures, autant de portes vers le passé.

Le temps d’un long week-end, à Blois, on peut ainsi rouvrir à volonté les pages oubliées de l’histoire.