« La musique a-t-elle un genre ? » : la question soulève encore souvent indifférence polie, sinon hilarité, voire mépris. Et pourtant ! Comme la littérature et la peinture, la musique n’échappe pas aux catégorisations genrées et encore moins aux inégalités de genre qui relèguent dans l’ombre les femmes artistes.

Ce volume examine sur la longue durée ce phénomène d’invisibilisation des musiciennes à l’oeuvre tant dans l’historiographie que dans l’imaginaire social, tant dans les discours que dans les pratiques de création et les programmations.

Repérant les différentes voies de disqualification des talents féminins, les seize études réunies ici scrutent les indices de l’enfouissement des musiciennes dans les traités philosophiques et esthétiques, dans les manuels d’éducation, dans les témoignages du public, dans les récits de vie, comme dans les écrits savants et la critique musicale, y compris la plus récente.

Surgissent ainsi autant de jalons pour débusquer et mieux déconstruire les stéréotypes de genre dans les écrits sur la musique et les pratiques musicales d’hier et d’aujourd’hui.

http://www.editions-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100379850

Mélanie TRAVERSIER, Alban RAMAUT (dir.), Editions de La Sorbonne, 2019.

L’Europe n’a pas que des « pères fondateurs ». Dès l’entre-deux-guerres, des femmes militent aux côtés d’européistes convaincus. Animées par un ardent espoir pacifiste ou féministe, elles collaborent à ce qui a pu apparaître comme une utopie avant de se muer en une extraordinaire aventure.

Historien·ne·s, sociologues, politistes, juristes, germanistes, les auteur·e·s de cet ouvrage se sont demandé ce que l’Europe a fait pour les femmes et inversement. Quel rôle jouèrent les femmes dans la conception et la réalisation du projet européen ? Quelle fut leur place dans l’administration communautaire et au Parlement européen ? Avec quelles conséquences pour les institutions et pour les droits des femmes ? À partir d’un seul article du traité de Rome (article 119), quelles stratégies ont été mises en oeuvre pour faire de l’égalité des sexes une valeur commune et fondamentale sur laquelle construire l’Europe ? Le projet européen fut un moteur pour l’émancipation des femmes. Plus progressiste que la plupart des politiques nationales, la politique communautaire d’égalité hommes-femmes a souvent été l’aiguillon des procédures égalitaires dans les États membres. Inspiratrices ou « petites mains » indispensables, interprètes, fonctionnaires ou parlementaires européennes, des femmes ont contribué à faire de la question de l’égalité un levier majeur de l’Europe sociale. Cet ouvrage aborde ainsi de nombreuses perspectives novatrices. Il analyse les réussites mais aussi les échecs et s’interroge sur leurs causes.

http://www.editions-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100154540

Anne-Laure BRIATTE, Éliane GUBIN, Françoise THÉBAUD, Editions de la Sorbonne, 2019

Fort des acquis de l’historiographie sur le négoce des ports européens de la fin de l’époque médiévale au début de la période contemporaine, l’ambition de ce livre est de faire dialoguer l’histoire portuaire et maritime avec l’histoire des femmes et du genre. La période étudiée permet d’interroger l’ouverture des horizons commerciaux des Européens et l’essor du trafic colonial en rapport avec le rôle des femmes dans les places portuaires. Si, en France, le terme de « négoce » est utilisé dans les sources pratiquement dès le début de l’époque moderne, le mot « négociant » apparaît à la fin du xviie siècle pour désigner la frange supérieure des marchands. Il s’agit par conséquent de mettre en lumière l’accès de certaines femmes au titre de « négociante ».
L’ouvrage regroupe douze textes, portant sur des périodes et des espaces géographiques différents, répartis en deux grands axes. Le premier cherche à mettre en évidence la diversité du travail féminin dans les milieux portuaires européens sur la longue durée, de la marchande à la négociante. Le second s’intéresse aux structures commerciales (sociétés et maisons de commerce) et aux rôles des femmes dans les entreprises familiales, au regard du modèle économique des sociétés préindustrielles.
La finalité de ce livre est de montrer des femmes en capacité d’agir à partir de l’exemple des milieux portuaires, en faisant émerger des figures oubliées de « femmes fortes » qui participent à l’économie française et européenne de la fin du Moyen Âge au XIXe siècle.

 

Nicole Dufournaud et Bernard Michon, Peter Lang, 2018.

 

« La France sera virile ou morte », a-t-on dit en 1944. « Virile », elle le fut, et les tontes des femmes accusées de collaboration en témoignent… Sur cet épisode de notre histoire qui, aujourd’hui encore, continue de susciter un malaise, on croyait tout savoir : ayant couché avec l’ennemi, des femmes avaient été violemment punies, dans un très court laps de temps, par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure. Ce livre, qui s’est imposé d’emblée comme un classique, montre que la moitié seulement de ces femmes avaient eu des relations sexuelles avec les Allemands ; que les tontes n’eurent rien d’éphémère ; et que 20000 personnes environ furent touchées, de tous âges et de toutes professions, dans la France entière. Que s’est-il donc réellement passé ? Pourquoi des femmes ? Et quel sens donner à cet événement ?

Fabrice Virgili, Payot, « Petite bibliothèque », 2019.

Honni par une droite réactionnaire qui se cherche une identité, célébré par une gauche intellectuelle qui a pourtant tardé à en entreprendre l’étude, le genre fait toujours polémique. En désaccord avec les uns et les autres, Geneviève Fraisse s’emploie à explorer cette promesse conceptuelle soucieuse d’un nouvel objet philosophique en construction, dans la droite ligne de ses travaux sur l’émancipation des femmes et l’égalité des sexes.

Il sera question de vérité, où l’Un, le Deux et le Multiple font face à l’exigence « queer » qui cherche à se définir. « Genre » est un mot en excès, car la question qu’il traite – l’égalité des sexes et la sexualité humaine – déborde toujours l’ordre établi.

Geneviève Fraisse, Seuil, « Essais », 2019

 

 

Going beyond the issue of the persecution of homosexuals and the central role played by Nazi Germany between 1939 and 1945, this book is the first to examine the daily lives of homosexual men and women in wartime. By bringing together European specialists on the subject, it relates a different history, one which was indeed marked by repression but also by enlistment in armies at war and resistance groups, not to mention collaboration. Chapter by chapter, it enables us to better understand why the Second World War was a turning point for gays and lesbians in Europe and why our continent is a leader in the fight against discrimination.

For the Council of Europe, this book contributes to two separate programmes, the Passing on the Remembrance of the Holocaust and Prevention of Crimes against Humanity programme and the Promoting Human Rights and Equality for LGBT People programme, within the framework of Committee of Ministers Recommendation CM/Rec(2010)5 on combating discrimination on grounds of sexual orientation or gender identity programme. It also continues work towards acknowledging all of the victims of the Nazi regime.

 

Régis Schlagdenhauffen (dir), Conseil de l’Europe, 2018.

 

 

 

 

 

https://book.coe.int/eur/en/human-rights-and-democracy/7678-queer-in-europe-during-the-second-world-war.html

Alors que dans les universités du monde entier se développe l’histoire globale, la campagne présidentielle française de 2017 a remis en scène la discussion sur « le roman national » et sur les origines de la France. Parallèlement à la controverse sur quelle Histoire enseigner aux enfants, le débat s’est désormais noué autour des questions identitaires: rejet de la mondialisation et déclarations contre l’islam qui ciblent en fait les populations migrantes considérées comme irréductiblement étrangères.
En prenant appui sur les recherches menées, dans différents champs de l’Histoire, sur les groupes et les personnes exclus du « roman national », en plaçant la focale sur une « histoire d’en bas », on pourrait sans doute faire émerger un « récit commun » qui tienne compte de la spécificité des expériences françaises tout en les situant dans des temporalités et à des échelles mondiales. C’est cette hypothèse que ce livre entend défendre.

 

Michelle ZANCARINI-FOURNEL, P.U. Bordeaux, 2018.

 

 

 

 

 

http://www.pub-editions.fr/index.php/nouveautes/une-histoire-nationale-est-elle-encore-possible.html

Accessible et riche, inventive sur le plan de la recherche documentaire comme dans la réflexion, cette histoire des sexualités propose de retracer les grandes étapes et les évolutions des normes et des mentalités. « Fait social total », la sexualité est à l’intersection de plusieurs types d’approches historiques : sociales, anthropologiques, culturelles, linguistiques. Sous les projecteurs croisés de la démographie historique, de l’anthropologie culturelle et de l’histoire sociale, son histoire pose l’hypothèse que les comportements humains qui lui sont liés – fantasmes et représentations, pratiques érotiques et procréatives – sont eux aussi des objets qu’il s’agit d’étudier sans les détacher des autres pans de l’histoire humaine. Mais on ne saurait aujourd’hui s’intéresser à la sexualité sans y faire également entrer des outils forgés dans le champ de l’histoire du genre. Plus que jamais, la sexualité est devenue un domaine incontournable de l’histoire.

sous la direction de Sylvie Steinberg, PUF, 2018.

 

 

 

 

 

 

https://www.puf.com/content/Une_histoire_des_sexualités

«Alors que l’orage s’éloigne, une tâche immense s’impose à tous les Français : celle de refaire notre belle France que les nazis ont souillée de leur présence.»
Cet écho du Travailleur de l’Oise en octobre 1944 illustre la démarche de ce livre : s’attacher non plus à la seule étude politique et institutionnelle de l’épuration, mais, dans la veine d’une historiographie renouvelée, aux Françaises et aux Français face à l’événement.
Il y a une évidente dimension populaire de l’épuration. Il s’agit non pas du catalyseur des «excès de la foule» qui déborderait les nouvelles autorités, mais au contraire d’un mouvement antérieur à l’installation du pouvoir politique à la Libération. Deux dynamiques coexistent en effet dès le début de l’Occupation. L’une, en France, souterraine mais qui s’étend, lente et silencieuse, menace les traîtres et, l’heure venue, veut les tuer ; l’autre, à Londres, puis dans les autres terres d’exil, réfléchit à la justice et à ses normes et prépare des ordonnances. Ces dynamiques, disjointes, se conjuguent finalement au moment de la libération des territoires dans une grande diversité de situations.
Cette histoire sociale de l’épuration prend en considération également la question du genre : les relations entre les femmes et les hommes ne sont pas seulement perturbées durant la guerre, leurs identités respectives le sont également et durablement. La volonté de régénération de la patrie et des mœurs, notamment des mœurs féminines, explique l’ignominie des tontes.
C’est donc dans un cadre géographique et social élargi que cet ouvrage envisage l’épuration : du village au pays tout entier, jusqu’au continent et à l’Empire ; de l’intimité du domicile et de la famille au bureau, à l’usine ou au champ, de la rue au tribunal, des Maquis aux prisons.

François Rouquet et Fabrice Virgili, Gallimard, 2018

 

 

 

 

 

 

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-histoire/Les-Francaises-les-Francais-et-l-Epuration

 

This book offers a comparative perspective on Northern and Southern European

laws and customs concerning women’s property and economic rights. By focusing

on both Northern and Southern European societies, these studies analyse the

consequences of different juridical frameworks and norms on the development of

the economic roles of men and women.

This volume is divided into three parts. The first, Laws, presents general outlines

related to some European regions; the second, Family strategies or marital

economies?, questions the potential conflict between the economic interests of

the married couple and those of the lineage within the nobility; finally, the third

part of the book, Inside the urban economy, focuses on economic and work activities

of the middle and lower classes in the urban environment. The assorted and

rich panorama offered by the history of the legislation on women’s economic

rights shows that similarities and differences run through Europe in such a way

that the North/South model looks very stereotyped. While this approach calls

into question classical geographical and cultural maps and well-established chronologies,

it encourages a reconsideration of European history according to a

cross-boundaries perspective.

By drawing on a wide range of social, economic and cultural European contexts,

from the late medieval to early modern age to the nineteenth century, and

including the middle and lower classes (especially artisans, merchants and traders)

as well as the economic practices and norms of the upper middle class and

aristocracy, this book will be of interest to economic and social historians, sociologists

of health, gender and sexuality, and economists.

Anna Bellavitis and Beatrice Zucca Micheletto, Routledge, 2018