Comment exercer son métier de reine ? Comment résister à la routine des divertissements utiles et des obligations de son sexe ? Comment surtout s’inventer un rôle politique lorsqu’on est née Marie-Caroline de Habsbourg-Lorraine et qu’on se trouve exilée à la cour de Naples, au cœur des tumultes de l’Italie des Lumières ? De 1781 à 1785, la reine de Naples s’est attachée à l’exercice quotidien de ses « écritures », sans doute pour discipliner ses propres affects.

C’est à la lecture de ce diaire qu’est convié le lecteur. Écrit dans le français parfois audacieux qui était la langue des élites européennes, ce journal d’une reine est un document historique d’une exceptionnelle richesse. Au-delà de la chronique de la vie de cour, on y assiste au surgissement d’un moi souverain qu’agite, en ces années pré-révolutionnaires, le souffle de l’histoire.
Rassemblant des pièces dispersées, Mélanie Traversier reconstitue le journal de Marie-Caroline de Naples, présenté ici pour la première fois dans son intégralité. L’édition annotée comporte en effet la retranscription d’un manuscrit que l’on croyait perdu : le récit du voyage de la reine en Italie du Nord de mai à septembre 1785, sorte de tournée d’inspection des expériences politiques du réformisme des Lumières. Elle est précédée d’un ample essai qui, à travers l’analyse de sa pratique épistolaire et de son écriture intime, éclaire la biographie d’une sœur méconnue de Marie-Antoinette.

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Mélanie Traversier, Champ Vallon, 2017

 

http://www.champ-vallon.com/melanie-traversier-le-journal-dune-reine/

 

Les « années 1968 » constituent, on le sait, une époque de contestation mondialisée. Mais les rôles de genre, les stéréotypes sexués, les clichés virilistes sont-ils eux aussi contestés ? Pour le savoir, ce livre se concentre

sur la question de l’engagement, acception plus large que le seul militantisme et plus circonscrite que le vaste champ du politique. Son ambition est de saisir l’influence du genre dans les multiples formes de positionnement et de conflictualité politique, dans les organisations syndicales comme les groupes et partis politiques, les mouvements associatifs et les collectifs militants, dans une période marquée par de nouvelles dynamiques féministes. Les scènes retenues, européennes certes, mais aussi africaines, latino-américaines et états- uniennes, se placent volontairement dans une perspective internationale et transnationale, parce que ces expériences politiques circulent, s’échangent, se modifient en se transmettant. Qu’il s’agisse de grèves ouvrières, de groupes d’auto-conscience, de créations artistiques, de mouvements d’émancipation et d’auto-détermination, on y voit les actrices et acteurs mobiliser des ressources qui leur permettent de transformer les rapports sociaux, de résister à l’ordre établi et in fine de rompre la spirale de la domination.

1507-1

 

 

 

 

 

Ludivine Bantigny, Fanny Bugnon et Fanny Gallot (dir.), PU Rennes, 2017

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4341

 

De nos jours, le vieux mot « bâtard » reste une insulte cuisante, comme pour rappeler ce qu’il y a d’essentiel dans  l’appartenance familiale et la filiation. Sujet anthropologique ou sociologique, la bâtardise est aussi objet d’histoire. Confrontant études de cas, réflexions juridiques et représentations littéraires, Sylvie Steinberg montre de façon saisissante qu’elle fut paradoxalement un pivot de l’ordre absolutiste. Mais comment une société fondée sur le mariage chrétien, monogame et indissoluble, fit-elle une place, au sein de l’institution familiale, à des individus dont l’identité témoignait de l’inconduite de leurs géniteurs ?
Les bâtards, qu’ils soient issus de la paysannerie ou de l’aristocratie, furent au centre de débats juridiques et moraux, portant sur les comportements des individus et des groupes, et se trouvèrent à partir de la fin du XVIe siècle au cœur du dispositif de mise en discipline de la société. La loi de 1600, qui exigeait une naissance légitime ou légitimée de tout membre de la noblesse, faisait entrer en conflit règles de filiations et conditions sociales. Elle donna à l’État un droit de regard sur des questions qui relevaient auparavant de l’ordre privé.

Par-delà droit et théologie, cette histoire de la filiation aborde enfin la dimension vécue des liens entre enfants et parents, qui ne se réduisaient pas aux problèmes de nom et de patrimoine. Entre les « sans-familles » et leurs parents, l’amour, l’attachement, les sentiments de possession ou d’exclusion composaient un tableau changeant des normes et des comportements. Sommes-nous étrangers à cette histoire ?

http://www.albin-michel.fr/ouvrages/une-tache-au-front-9782226315151

 

Sylvie Steinberg, Albin Michel, 2017

 

De Seitô aux modèles de politique sociale.

La revue Seitô parue de septembre 1911 à février 1916, première revue entièrement gérée par des femmes, a suscité un formidable engouement chez ses lectrices et un renouveau de l’écriture féminine. La créativité littéraire s’y déploie. L’objectif de ce recueil est de présenter et analyser les différents parcours des membres de la revue dans les années 1910-1930, leur place dans l’histoire du féminisme au japon, la réception de leurs écrits et les perspectives d’études qu’elles offrent encore aujourd’hui.

9782343106182r

Sous la direction de Christine Lévy et Brigitte Lefèvre

L’Harmattan, 2017

 

 

 

 

 

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=52372