« Mon énigme éternel » Marie-Edmée…, une jeune fille française sous le Second Empire

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Née dans une époque où les normes de genre sont particulièrement rigides, élevée dans un milieu militaire, catholique et provincial qui ne laisse aux individus qu’une infime marge de négociation, l’artiste et diariste lorraine Marie-Edmée Pau (1845-1871) éprouve avec intensité la contrainte qu’exerce la société du Second Empire sur les jeunes filles, sur leur destinée et sur leur corps. Son journal, commencé à l’âge de quatorze ans, poursuivi jusqu’à sa mort à vingt-cinq ans pendant la guerre de 1870, remarquable tant par sa qualité littéraire que par l’acuité du regard que la diariste pose sur elle-même, sur son environnement et sur son temps, illustre la difficulté pour une femme à s’imposer comme artiste, à accéder à la gloire ou simplement à la liberté. Marie-Edmée dresse un réquisitoire contre la condition féminine. Pourquoi confiner les femmes dans un cadre étriqué et mesquin ? Pourquoi les exclure de la vie publique, leur « interdire tout ce qu’il y a de grand dans l’emploi des forces humaines » ? Le mariage lui apparaît comme « un labyrinthe sans clé ». « Je suis mon énigme éternel [sic] » note-t-elle ailleurs, laissant deviner, par le biais de cet accord fautif, un malaise plus profond. Comment cette créature singulière, intransigeante et passionnée a-t-elle pu être érigée par la suite en modèle de la jeune fille catholique, pétrie de modestie et de soumission ? Analysé au prisme du genre dans une perspective micro-historique, croisé avec de nombreuses sources écrites et iconographiques, le journal de Marie-Edmée se révèle comme un observatoire privilégié pour interroger les identités sexuées.

Enigme-Cadene « Mon énigme éternel » Marie-Edmée…,une jeune fille française sous le Second Empire, Cadène Nicole, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2012.